[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]out commence avec la récitation d’un poème par Einar Georg Einarsson (qui, pour précision, se trouve être le papa du chanteur Ásgeir). Le cadre est intimiste. Nous sommes en plein cœur de l’Islande. Un piano discret, un quatuor à cordes qui prend place lorsque les vers s’effacent. La caméra prend du recul et laisse mourir les notes du sublime Árbakkinn. Nous étions au petit port de pêche d’Hvammstangi. Fin du premier volet.
L’aventure en question a été orchestrée par le prolifique musicien Ólafur Arnalds et mise en image par Balvin Z.
Le concept ? Cette équipe a voyagé au cœur de l’île et au terme des diverses étapes, nous a présenté chaque Lundi une vidéo de nouvelles compositions en compagnie d’artistes spécialement invités pour l’occasion. Ce feuilleton en 7 épisodes hebdomadaires aura marqué l’été 2016 par sa finesse d’esprit et sa fraicheur d’ambiance.
Le 28 Octobre dernier, cette saga a été livrée matériellement au public dans un très attrayant coffret comprenant la bande son du projet accompagnée du film.
Sur le second titre (1995), je retrouve, avec un gros pincement au cœur, cet univers naturel si attachant. Des enfants qui s’amusent sous la pluie alors que, de cette chapelle perdue au milieu des éléments, nous entendons la douceur grave d’un harmonium. C’est Dagný Arnalds qui dos à dos avec l’architecte d’Island Songs se présente pour un dialogue des plus organiques. Une dimension quasi liturgique qui émane de l’œuvre nouvelle.
Enchainement avec les chœurs sibyllins du Sud de l’Islande pour des vocalises infinies. Raddir pour une élévation suprême. Une langueur monotone un plein été boréal.
Après le Sud de l’île, direction le Nord et plus précisément Akureyri. Pour bien connaitre l’endroit, nous sommes à quelques horizons du cercle arctique. Lieu où le compositeur Atli Örvarsson y a posé ses valises. Un monde à nouveau sans parole dont « les petites choses non dites si difficiles à définir constituent ce que nous appelons une culture ». Pour cette nouvelle collaboration, les vibrations électroniques se font plus modernes sans pour autant heurter les précédentes fournitures. Une transition parfaite entre les anciens et les modernes. Un violon larmoyant, des rebondissements qui viennent brûler la chaire, un ensemble de bois qui transporte la magie sensorielle dans un leitmotiv thématique qui me met en hypnose. Une nouvelle amplitude orchestrale dont le film est un œil parfait qui vient mettre en relief l’essence même des souffles, frottements et chuchotements. Balzin Z au plus près des protagonistes, au service d’une musique somptueuse bien ficelée par le talent d’arrangeur d’Ólafur Arnalds. Je vous épargne la capacité chez ce dernier à façonner la matière aussi bien dans ce genre d’exercice que lorsqu’il faut faire danser les foules avec son « side-project » Kiasmos. Ici, une mise au service fine et soignée pour notre méditation intérieure.
Le 5ème épisode nous voit projeté dans l’espace intime et chaleureux d’un salon. Les convives prennent le café ou le thé en écoutant le touché délicat d’un vieux piano usé. A l’extérieur, les cuivres résonnent en sourdine sous le regard imprégné d’un perchman venu capter l’instant précieux (Dalur)
La pièce la plus attractive du recueil est dans la douce alchimie de Particles. De mon point de vue, cette affirmation ne fait aucun doute. Comment ne pas succomber au chant érectile de Nanna Bryndís (chanteuse sévissant habituellement au sein du groupe Of Monsters And Men) ? La scène se déroule dans un phare surplombant la péninsule de Reykjanes. Le morceau est d’une douceur irradiante, les harmonies sublimes amplifiées par l’acoustique aux réverbérations sensationnelles. Le seul titre réellement chanté pour un bonheur auditif total. La performance est déchirante, mise en valeur par une voix d’exception. Sous des apparences fragiles nous voyons naitre une force maitrisée de toute beauté !
Le voyage peut alors s’achever à Reykjavik avec Doria et ses inspirations venues d’un piano mécanique, une ritournelle sans fin qui laisse filer la boucle avant que la formation ne s’appuie sur le maestro islandais pour une énième sensation de plénitude.
A noter, la présence d’un « bonus track » sur la version audio du disque.
En tous les cas, le CD comme le DVD parviennent non sans mal à conférer une proximité avec l’auditeur et spectateur. Un ressenti accentué par la qualité épurée dans le grain des images, dans la discrétion vis-à-vis d’un souvenir domestique. Bref, un vrai régal pour les yeux et les oreilles !
L’album publié chez Mercury KX vous attend chez votre disquaire.
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