Opus 14 est une création de Kader Attou pour la Compagnie Accrorap que j’ai eu la chance de voir à l’Onyx. Ce sont 16 danseurs de hip-hop qui commencent à évoluer dans un décor de volutes grises dessinées au sol et en fond de scène. Des apparitions par focus lumineux pour petit à petit nous habituer au nombre impressionnant de danseurs sur scène.
Les lumières subtiles nous permettent de passer par des moments picturaux de camaïeux pastels entre vert, jaune, brique et turquoise. Le groupe se met en mouvement, chacun sa performance puis vient le premier moment du tous ensemble. N’étant pas du tout spécialiste de la culture hip-hop, ce moment de la chorégraphie des 16 danseurs m’apparaît comme un détournement de l’individualité de cette danse. La puissance qui s’en dégage donne des frissons.
Les mouvements sont parfois saccadés, répétitifs, comme une mise en perspective des heures d’entraînement que nécessite la performance. A d’autres moments, une lenteur étonnante s’introduit, mettant à jour un lyrisme émouvant. Le groupe se mue petit à petit pour parfois ne former qu’une masse animée ne dissociant plus les êtres, symbole du partage, de la puissance du collectif et par extension de l’humanité.
Vers la fin, les costumes sont littéralement trempés de sueur et l’un des danseurs, dans le silence, reprend son souffle pour proposer quelques mouvements dévoilant une humanité émouvante. Les lumières colorées sur les volutes grises font penser à une réinterprétation de graffs en version atemporelle entre plis, peaux et nature.
A travers la diversité du profil de chaque danseur, tous d’une performance technique époustouflante, le lyrisme dégagé par une danse venant de la rue, Kader Attou nous permet de penser nos préjugés et de nous ouvrir à la beauté imperceptible autour de nous.