[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#80714f »]A[/mks_dropcap]hhhhhhhhhhhhhhhhhh la Nouvelle-Zélande !!
Île paradisiaque pour tout mélomane averti, abritant en son sein un nombre de trésors incroyables, un label légendaire, un savoir-faire pop remarquable, des… oui, je sais, je viens de sortir le dépliant touristique en énonçant tous les lieux communs auxquels le mélomane peut et doit s’attendre.
N’empêche, l’île abrite tout de même la crème de la pop à guitare et ce depuis près de trois décennies, des fous furieux Tall Dwarves, Chris Knox, aux classieux The Chills jusqu’à l’indie pop de The Clean en passant par la jangle pop de The Bats, il y a en Nouvelle-Zélande une exception musicale pop frisant l’indécence.
Ce que l’on sait moins, c’est que l’île excelle également dans d’autres domaines musicaux comme la neo soul/reggae (Fat Freddy’s Drop), le reggae/dub lorgnant vers UB40 (Katchafire), le psyché (Connan Mockasin) et plein d’autres encore.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#80714f »]V[/mks_dropcap]ous le comprenez, s’extraire de cette scène musicale en ébullition permanente n’est pas chose aisée.
Pourtant, c’est ce que parvient à faire Orchestra Of Spheres, groupe à dominante psyché dont nous vous avions déjà parlé chez Addict-Culture il y a quelques temps, en proposant une orientation musicale résolument surprenante.
Dès Mirror, premier morceau de leur nouvel album, le groupe démontre une aptitude au grand écart digne d’un JCVD en pleine montée d’acide : vous avez d’un côté l’Amérique poisseuse et sous substances du Velvet Underground (celui de Venus In Furs avec solo de violon tout droit sorti du John Cale illustré) et de l’autre le râga indien avec scansion d’un mantra à visée hypnotique.
Et vous là-dedans ? Ben… vous vous retrouvez au milieu de ces deux univers, paumé dans une fumée bien opaque, à travers laquelle vous distinguez quelques drones mais qui vous laisse un peu hagard, dans un état quasi second.
Heureusement, ensuite, avec Ata, le quartet va dissiper toute cette fumée malsaine en…
En…
En ?
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#80714f »]J[/mks_dropcap]e me permets de laisser la phrase en suspens car, ce qui fait tout le sel de Mirror, c’est justement de n’en rien dévoiler, appuyer sur play et se laisser surprendre par leur musique.
Parce qu’après Mirror, le premier titre, le groupe va, à tort ou à raison, prendre des risques insensés, aller dans des directions auxquelles personne ne s’attend, tutoyant par moment l’approche musicale d’une L M D ou de la bande à D B (se reporter aux tags, N.D.L.R.).
Mais qui dit risques, dit, parfois, plantages. Or, Mirror n’en n’est pas exempt, loin de là. Certaines orientations en agaceront plus d’un (notamment au niveau du chant, onomatopéique, cf Ata, Chimes ou Omni Omni), tant le sujet ne semble pas complètement maîtrisé, mais elles paraissent plus être le fruit d’une imagination délirante, d’un bouillonnement créatif intense (qui s’accomplit parfaitement sur des morceaux comme Koudede, Foggy Day, Summer Fungus) qu’autre chose.
D’où une impression un peu étrange, où le génie côtoie parfois l’anecdotique, un album bourré d’idées, multipliant les fausses pistes mais se perdant par moment en route comme un trip pouvant nous emmener très haut mais doté de trous d’air assez conséquents.
Néanmoins, les trous d’air ne sont pas si nombreux et quand le quartet parvient à regrouper ses idées, les structurer, comme sur le formidable Koudede, le résultat est tout bonnement exceptionnel.
Aussi, plutôt que se concentrer sur les quelques faiblesses de Mirror, explicitons-en les qualités : foisonnant, déconcertant, attachant, suintant la folie douce par tous les pores. Bref, un petit Objet Musical Non Identifié comme seule la Nouvelle-Zélande peut en accoucher, festif, barré juste comme il faut et constamment surprenant.
Le genre de disque ne conservant que l’aspect positif de l’état d’ivresse (euphorie entre autres) sans les effets négatifs (la gueule de bois). Essayez, vous verrez, c’est loin d’être désagréable.
Sorti le 2 novembre chez Fire Records ainsi que chez tous les disquaires gentiment barrés de France et de Navarre.