Other Lives … Se souvenir de l’ivresse des grands espaces. Ceux de Tamer Animals qui inondèrent le début de la décennie d’une intense richesse « morriconienne ». C’est l’Oklahoma qui s’invitait dans notre salon et il fut inutile de se faire prier pour vivre l’expérience du spectacle vivant sous un soleil torride. Ressentir à nouveau ce moment où As I Lay My Head Down nous caressât de sa superbe.
Plus sémillant que Fleet Foxes, plus passionnant que Grizzly Bear, Other Lives au travers de Tamer Animals pouvait sans aucune contestation se ranger au rayon des albums cinq étoiles (dans mon barème il est rare d’aller au-delà).
Joie alors qu’est la mienne de retrouver le groupe pour Rituals. Quatorze titres et quasiment une heure de voyage. L’opus est totalement aérien pour ne pas dire céleste. Un album qui diffère par quelques touches des sonorités de son épatant prédécesseur (EP non compris) … Pour autant, ce nouveau volet n’est point dépourvu de charme.
Fair Weather et son humeur climatique ad hoc. C’est le printemps qui s’annonce des plus radieux, on ne pouvait être plus raccord !
Pattern dévoile une expression plus contemporaine chez Other Lives.
Jesse Tabish y excelle encore une fois. Sa voix de tête à la limite du fausset. Une chaleur indéniable qui s’en dégage de manière irradiante. L’instrumentation est fusionnelle : Subtilité des rythmes électriques qui se combinent avec les traditionnelles harmonies lumineuses.
Reconfiguration qui avait annoncé les amabilités nous avait finalement bien dupés. Le titre annonciateur d’une recomposition des éléments même si la musicalité qui s’en dégage rentre bien dans la lignée des envoûtements connus.
Dans la catégorie prospère (youplaboum) des barbus hirsutes c’est un folk rythmé qui peut s’enorgueillir de prétentions louables. Easy Way Out est de cette veine. Hypnotique exécution pour s’envoler de plus en plus haut. Un ailleurs qui se présente d’une technicité redoutable. Les arrangements frisant tout bonnement l’excellence. Le cru est donc ardemment relevé. L’album attendu qui n’aura à rougir du soupçon de modernisme qui lui a été insufflé par ses auteurs.
Une homogénéité impeccable qui ne donne pour autant dans la monotonie …
Bien au contraire, chaque pièce du puzzle apporte ainsi sa propre valeur ajoutée à un tableau qui tient le vol au-delà de certaines appréhensions bien vite évacuées.
2 Pyramids s’offre même le luxe suprême de s’approprier un chant exquis sur lequel vient se greffer une orchestration mouvante et émouvante. Un régal qui écoute après écoute ne tarit pas.
Other Lives replonge ici et là dans les eaux d’un folk plus consensuel. Toujours avec le même brio.
La messe est donc dite : Rituals est une pièce maîtresse du millésime en cours et je prends ici le pari solennel devant les adeptes de l’addiction culturelle qu’il restera pour longtemps encore dans les rares albums qui passeront largement le cap des années sans tomber dans l’oubli collectif. Avec une telle œuvre, c’est l’été le plus inspirant qui s’annonce et rien que pour ça je veux bien me repasser English Summer en boucle.
La fin est somme toute plus « classique » et parfois anesthésiante mais boire les dernières notes jusqu’à la lie est un plaisir coupable des plus excusables. De la puissance contenue de For the Last on ne pourra que rééditer l’enivrement astral. Il y a ce chant séraphique qui vient toujours à propos, magnifié par une symphonie nostalgique redoutable.
Bref, ici rien n’est laissé au hasard et le meilleur moyen de s’en convaincre c’est encore de s’en délecter, les oreilles bien ouvertes. Il ne me reste qu’à vous souhaiter une excellente traversée.
Album disponible chez votre disquaire à partir du 4 mai et en écoute ici-même.