[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]O[/mks_dropcap]n doit au label canadien Constellation pléthore d’excellentes sorties discographiques depuis la toute fin du siècle dernier. C’est donc grâce à eux que Ought est parvenu jusqu’à nos oreilles en 2014 avec la déflagration sonore More Than Any Other Day.
Un deuxième album en 2015 et un changement de label plus tard, les voici qui reviennent avec Room Inside The World, paru cette fois chez Merge Records. Un changement de label pour une vision non pas radicalement différente, mais plutôt pour un ajustement salutaire qui donne beaucoup plus de corps et de matière à leur musique.
Autopsie d’un retour qui va au-delà des espérances.
Entre Sun Coming Down et ce nouvel album, le leader Tim Darcy nous avait gratifiés d’un très bon album solo l’année dernière, qui nous indiquait déjà les prémices de ce que serait Room Inside The World. En effet, s’ils n’ont pas exactement perdu leur ADN en changeant de label, on s’aperçoit que l’Indie Post Punk, énergique mais somme toute assez limitatif qu’ils nous avaient envoyés à la face sur les albums et EP’s précédents, fait ici place à une largeur et profondeur de champ tout à fait différentes. Certains diraient qu’ils ont ajouté de la Pop dans leur boucan. Ce qui est tout de même très réducteur.
Dès l’ouverture on sent que l’affaire sera tout autre. Il est évidemment difficile de dire si l’influence de leur contemporain de Viet Cong – Preoccupations est passée par là mais il est difficile de nier une certaine filiation, que l’on retrouve sur un morceau comme Disaffection. Il ne fait par contre aucun doute que Television et Scott Walker sont venus un peu brouiller les pistes balisées précédemment par Sonic Youth et Talking Heads.
L’album est énergique, la palette sonore s’est considérablement élargie, conjuguant guitares new-Wave stridentes (coucou Geordie Walker), claviers jamais envahissants et basse vrombissante. Le premier single, These 3 Things, est l’exemple le plus représentatif de cette débauche de moyens.
Difficile de citer les moments forts, car à l’évidence l’album se suffit à lui-même. On pointera tout de même Into The Sea, titre d’ouverture spectral, Disgraced In America qui pourrait avoir une belle existence e-radio et Take Everything, soutenue par une guitare dont la rythmique ne faiblit pas d’un iota.
En bref et pour faire court, je pense que nous tenons là le premier grand disque du genre de l’année 2018.
Allelujah et merci beaucoup.
Ought, Room Inside The World
à partir du 16 février chez Merge Records.