6 juillet 1972, David Bowie, déjà un petit peu célèbre grâce à son Major Tom, passe à la postérité. Il lui aura suffi de quelques minutes à the top of the pops, la mythique émission anglaise pour bouleverser des milliers d’adolescents qui regardaient la télé ce jour là.
David Bowie ou plutôt Ziggy Stardust y chantait Starman.
Plus que la chanson elle-même, ce sont les tenues, les poses et les regards de Bowie et de ses comparses qui éclaboussent les jeunes d’Angleterre. Le lendemain de la diffusion, tous les gamins d’Angleterre parlent de cet ovni apparut devant eux. Dans les jours qui suivent, nombre d’entre eux se rendront chez le coiffeur pour demander la coupe Bowie; la mode se trouve bouleversée aussi et les écoliers cherchent à suivre leur nouvelle idole.
Dylan Jones, journaliste, se trouvait devant son poste ce jour-là. Il se souvient de tout. Il raconte avec passion, émotion et avec un beau regard critique aussi ce choc.
Il parle de lui, de sa vie, de l’Angleterre, de l’adolescence, de la morosité, du désir d’avoir des modèles, d’autres artistes qui lui semblaient importants avec l’explosion Bowie.
Il parle du monde en général à cette époque.
Parfois véritable livre avec une teinte sociologique passionnante, parfois concentré de frustration et de rage, cet Ovni Bowie (titre original qui est bien plus parlant : When Ziggy played guitar) est un formidable témoignage.
Dylan Jones y raconte des anecdotes sur David Bowie, sur ses musiciens, sur son rapport à la célébrité, sur la suite de sa carrière, sur ses rôles au cinéma, sur le suicide de Ziggy Stardust.
L’analyse est profonde. Dylan Jones maîtrise parfaitement son sujet. Il est fan de Bowie et l’a rencontré plusieurs fois. Cela ne l’empêche pas de révéler des choses peu glorieuses. Ainsi, lors de l’ultime concert de Ziggy Stardust, seuls Bowie et Ronson étaient au courant qu’il s’agissait de la fin. Le batteur et le bassiste sont mis de côté. Leur témoignage est édifiant sur le côté arriviste de Bowie et aussi emprunt d’une grande tristesse. En effet les Spiders from Mars étaient une vraie bande. Ronson et ses amis jouaient ensemble depuis un moment, sans trouver le succès certes. C’est l’association avec Bowie qui amène le succès mais ce dernier les laisse tomber sans état d’âme semble-t-il.
Autre analyse intéressante de l’auteur : le soit disant fait que Bowie ait passé sa carrière à suivre des modes, à piquer des idées aux autres, à prendre le train en marche. Dylan Jones ne nie pas cet état de fait mais montre qu’avant même d’être connu et reconnu Bowie en avait fait sa marque de fabrique dans les années 60.
Autre anecdote, la chanson Starman qui fait décoller Ziggy Stardust ne devait même pas figurer sur l’album. C’est un ajout de quasi dernière minute, une demande de la maison de disques pour un single accrocheur !
La suite c’est ici :
L’Ovni Bowie… de Dylan Jones traduit par Emilien Bernard, paru chez Rivages Rouge, Février 2015.