[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]ertains artistes même prolifiques voire boulimiques semblent prendre un malin plaisir à s’arrêter à la limite du succès commercial, histoire de s’éviter quelques contraintes incompatibles avec la vision de leur art. Quelques fans fidèles, des amis précieux, histoire de vivre normalement, voilà qui semble leur suffire.
Je tiens avec Mike Kinsella, un beau cas d’école qui entre milles autres projets, parvient à sortir The King Of Whys, son album solo le plus accessible, voire le plus ambitieux en plein milieu de l’été. Je vous propose donc une petite note de rattrapage, inconscients que vous étiez, entre plages bondées et routes du soleil.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a discographie de Mike Kinsella est pléthorique, 8 albums solos sous le nom d’Owen, enregistrés seul ou presque accompagné de sa guitare et de son humour désenchanté dans sa bonne ville natale de Chicago et en groupe, tout d’abord avec son frère au sein des mythiques Joan Of Arc mais également avec Owls et Cap’N’Jazz en tant que batteur.
Un autre de ses projets, cette fois-ci avec son cousin Nate à la basse, va bientôt refaire surface et c’est peu dire que j’ai hâte d’y jeter une oreille attentive puisque American Football revient cet automne pour un deuxième album, 17 ans après un premier disque, pierre angulaire du math rock, magnifiquement ressorti chez Polyvinyl, il y a 2 ans et suivi d’une tournée américaine triomphale…à l’échelle du groupe, cela va sans dire.
Intéressons-nous donc maintenant à ce très beau Kings Of Why, pour lequel Mike a quelque peu changé ses habitudes. Il a ainsi pris la décision de ne pas enregistrer à Chicago, influence majeure de son œuvre mais de se rendre à Eau Claire, le fief de Justin Vernon, dans le Wisconsin.
C’est d’ailleurs S. Carey, musicien de Bon Iver et auteur de quelques chouettes disques sous son nom, qui prend en charge la production et tente de donner du volume à l’univers si particulier d’Owen.
Les musiciens sont également du cru, croisés du côté de Sufjan Stevens et autres Tallest Man On Earth. A près de 40 ans, Mike Kinsella ose enfin s’affranchir du cercle familial.
[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]M[/mks_dropcap]ême s’il a quelque peu bouleversé son mode de fonctionnement, on retrouve le Owen qu’on aime, des chansons tristes (Lost, Empty Bottle, The Desperate Act) en prise avec le quotidien et la difficulté de lE gérer en tant qu’artiste et en tant qu’homme et père de famille.
Si les cordes vocales et de guitare de Mike Kinsella sont toujours immédiatement identifiables, l’apport de musiciens extérieurs apportent un nouveau souffle surtout sur les magnifiques chansons les plus enlevées comme Empty Bottle et Settled Down. Les ballades sont, quant à elles, toujours aussi chargées d’émotions qui vous prennent aux tripes telles The Desperate Act, Tourniquet ou la splendide Lost en clôture du disque.
La vision du monde de Mike Kinsella n’est pas de celle qui vous mettra le sourire aux lèvres : Stay Poor And Die Trying sur Lost, If You Give Me This Battle, I’ll Give You The War, sur Tourniquet, telles sont les mots qu’on peut entendre sur The King Of Whys, où les affres de l’alcoolisme se mêlent à la solitude et l’angoisse de la quarantaine.
L’album est l’un des tous meilleurs d’Owen, émotionnellement très fort, magnifiquement interprété, il serait grand temps d’intégrer son cercle de fans transis, ne bougez pas, je vous fais une petite place !
The King Of Whys est disponible depuis fin juillet chez Polyvinyl Records/Wichita