[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#E22C4B »]H[/mks_dropcap]aro sur ta peau, sur ta bouche, comme ce rouge me plait.
Voila, il suffit de quelques vers susurrés par cette voix indolente et appuyés par une guitare envoûtante, pour être happé dès ce premier morceau dans cet bel album du groupe Palatine.
Comme ce rouge me plait pose d’emblée les bases et l’ambiance générale de ce que sera cet album. Ambiance intimiste, une voix envoûtante et ces textes poétiques « regarde bien dans l’eau, oh mon Narcisse« , et ce n’est que le début.
On l’avoue, chez Addict-Culture, on est passé à côté de ce beau disque en 2018, mais il n’est jamais trop tard pour se rattraper. C’est le premier album de Palatine, groupe parisien, après un EP en 2016. On pense évidemment à des groupes comme Feu! Chatterton, avec ce chant un peu emprunté et ses textes littéraires.
Paris l’ombre et son riff de guitare entêtant poursuit dans une agréable et surprenante veine pop/rock, et nous emmène en promenade parisienne dans une belle ode à la capitale.
Après deux morceaux un peu intimistes, le groupe se lâche et montre toute sa diversité musicale. En effet, Palatine se plait à chanter en français surtout, mais pas uniquement, car l’anglais est aussi de mise. Et le groupe mixe les deux comme sur Bâton rouge, qui sonne comme du Calexico pur jus, avec ses violons, ses guitares incisives et sa basse ronde.
Non content de mélanger les langues, Palatine brouille aussi les pistes grâce à un savant mélange de genres, à cheval entre chanson française et rock indé, Bâton rouge, tout comme City of light, sont des morceaux très pop folk, avec des guitares qui sonnent.
Et puis avouons le, ce qui fait toute la différence avec d’autres groupes, c’est aussi ce chant traînant, lascif, cette voix un peu maniérée, mais très belle. Et puis ces textes travaillés, à tiroirs, à double sens, et le tout avec un un écrin musical parfait. Ecchymose en est un bon exemple : « Là où mes mains se posent, poussent des ecchymoses… », beau titre sur la difficulté d’aimer.
L’intro de Golden Trinckets lorgne clairement du coté de Cure, de par son ambiance musicale et propose un titre tout en guitares hurlantes qui se lâchent.
L’amour et ses déclinaisons est le grand thème de cet album, Marions nous parle du mariage et de ses engagements, le titre est porté par un rythme infernal, et son refrain « alors marions nous et nous rirons de tout« , c’est un morceau entêtant, qu’on écoute en boucle, traversé par de belles guitares rugissantes accompagnant ce chant planant et halluciné.
Palatine sait aussi créer des ambiances purement pop tout en étant langoureuse, très dansante, comme sur Faux brouillard, dont le le refrain appelle à « danser ce soir pour ne plus se parler« .
Grand paon de nuit magnifique avant-dernier morceau nous plonge dans une ambiance à la Wicked game de Chris Isaak, par sa musicalité, par son chant et cette guitare surf qui tourne en boucle, et se termine de toute beauté en apothéose musicale. Une ode à la nuit et à ses amants : « J’ai les yeux rouges, je sors seulement la nuit » nous chante le groupe sur un morceau qui pourrait être une valse par sa composition. Une des grandes réussites de ce disque.
Le clip est également de toute beauté.
C’était un loup, clôt l’album tout en belles guitares fifties, quasi western, toujours sur le thème des jeux de l’amour et du hasard : « on voyait tout, mais pas son âme, c’était un loup sous une peau de femme« .
C’est un bel album surprenant que nous livre Palatine, à la fois dans la catégorie chanson française mais aussi coté rock, grâce à ce mariage des genres qui lui sied à merveille. C’est aussi un album très maîtrisé au niveau du son et des textes, qui ancre le groupe sur la scène française, vivement la tournée!
Palatine, Grand paon de nuit
Yotanka records, 2018