[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]A[/mks_dropcap]bien des égards, il faut savoir regarder en arrière pour prendre conscience du présent. Il faut également savoir se percher dans le futur pour jouir utilement des secondes qui s’écoulent.
Alors qu’Offset, précédent opus de Pali Meursault, offrait un regard attentif sur la musique industrielle pour en offrir la quintessence, ce Mécanes semble vouloir repousser les limites de cette même musique industrielle. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la musique industrielle remonte, pour ainsi dire, aux origines de la musique enregistrée.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]n effet, les précurseurs tel que Luigi Russolo se sont acharnés dès le début du siècle dernier à retranscrire la musicalité des matières sonores émises par les machines industrielles ou les matériaux issus de cette industrie.
Pali Meursault en est, sans conteste, un digne héritier. Mécanes a été créé dans le cadre d’une commande pour le GRM (Groupe de recherches Musicales). Les matières sonores qui composent Mécanes ont été collectées à l’atelier de typographie M.U.R.R. à Pantin , au cours de la fabrication de l’imprimé qui agrémente le disque et qui, en substance, décrit la démarche profondément atypique de Pali Meursault.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our faire simple, vous entendez les sons produits lors de la reproduction de ce que vous lisez. Dès lors, on imagine le texte écrit comme une partition, en fonction de la sonorité émise lors de cette impression. La musique s’écoute autant qu’elle s’imagine, l’espace s’étire sur ces deux compositions, laissant parfois le silence imposer ses secrets.
Il faut en effet tendre l’oreille, à plusieurs reprises, pour approcher la délicatesse paradoxale de cette définition musicale de l’imprimerie. Le rendu s’avère tout à fait remarquable, renvoyant aussi bien aux musiques concrètes, et autres fields Recordings qu’à une forme indéfinissable d’Abstract aux aspects métallurgiques.
La danse des machines frappant de leurs doigts alphabétiques se dessine à mesure que les deux pièces se dévoilent. Une telle musique ne s’accroche pas tout de suite à vous. Il faut y retourner avant d’avoir envie d’y retourner. Mais le balai lumineux de ces méduses aux sillons orthographiés fascine peu à peu alors qu’une sorte de drone s’installe sous cette rythmique mécanique..
Et si la première partie, « Penser avec les mains » attise, de par ses silences, une curiosité peu ordinaire, la seconde plage, « Rosa Is Rosa Is Rosa », est habitée de tous les mots qui bâtissent lentement l’impression où chaque seconde se voit remplie d’une musique obstinée et lancinante.
L’album est disponible ici.