[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#6a6c7d »]S[/mks_dropcap]éville, Barcelone, Malmö, Tarifa ou Tanger, voici les villes visitées par les personnages de Par-delà la Pluie, nouveau roman de Víctor del Árbol de retour après le très beau La Veille de Presque Tout.
Pas de révolution ici. Nous lisons un polar, noir, très classique mais l’auteur a du talent, il sait conter des histoires, un peu rocambolesques mais auxquelles nous croyons. S’il nous fait voyager en Europe et en Afrique, il lui arrive de nous perdre un peu en multipliant les personnages. Au lecteur d’être très attentif pour ne pas rater d’informations importantes sur les vies des héros de del Árbol.
Comme souvent chez lui, ceux-ci présentent des failles béantes, des souffrances prenant leur source dans le passé que nous explorons avec eux. Nous assistons à de longues introspections, des réflexions sur des actes commis, certains que l’on regrette, d’autres qui sont restés lettres mortes. D’ailleurs, malgré les 448 pages, on se surprend à penser que ce roman aurait pu être bien plus long car si Miguel, l’antihéros est présent du début à la fin, certains personnages ne font qu’une apparition fugace alors qu’ils présentent un intérêt fort. Dommage.
Mais revenons à ce Miguel, vieil homme brisé, atteint de la maladie d’Alzheimer, en sursis donc. Tout comme sa fille et leur relation. Natalia est une femme battue et son père qui voudrait l’aider ne le fait que maladroitement. Leur rupture consommée, Miguel, désespéré et en maison de retraite, se prend d’amitié pour une femme de son âge mais au caractère bien différent et qui va le révéler à lui même.
Les interactions entre ces deux-là sont une des grandes forces du roman. Helena, femme de tête, elle aussi au passé douloureux, décide de quitter ce lieu de mort pour reprendre sa vie en main et solder ses comptes. Contre toute attente, Miguel va la suivre.
Jusqu’où iront-ils ? Qui rencontreront-ils et que deviendront-ils ?
C’est un road movie à l’espagnole avec ces deux personnes âgées, malades et malgré tout pleines de vie, notamment pour Helena qui va justement réveiller en Miguel quelque chose qui somnolait.
Víctor del Árbol, tout au long de Par-delà la Pluie, tisse des liens entre ses personnages et avec le passé qui les hante. Il aborde des thèmes très différents les uns des autres : la vieillesse, la maladie, l’approche de la mort. Cette mort qui va et vient et qu’on oublie à cause d’une mémoire défaillante.
La partie polar qui se passe à Malmö me semble la moins réussie du roman, mais l’auteur la rattache finalement au reste avec un lien surprenant mais plausible. Le lecteur suit jusqu’au bout ce nouveau beau et surprenant roman de Víctor del Árbol dont l’œuvre s’étoffe de plus en plus.