La vie est dure pour Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko. Il est orphelin et on lui a collé un nom à rallonges si bien que tout le monde l’appelle Moïse dans son enfance, ce dont il n’est pas ravi non plus. Il gagnera son surnom de Petit Piment un peu plus tard grâce à son héroïsme au sein de l’orphelinat.
La vie est dure donc et encore plus dure depuis que son mentor, le prêtre Papa Moupelo a été remplacé par Dieudonné Ngoulmoumako, chantre de la révolution socialiste, homme corrompu et violent.
La première longue partie du roman d’Alain Mabanckou nous expose une vie difficile, faite de défis mais aussi d’amitié pour Petit Piment.
Une vie qu’il laisse en s’enfuyant de l’orphelinat, suivant les jumeaux maléfiques avec qui il intègre une nouvelle bande vivant à la capitale Pointe Noire.
Vivant ?
Survivant de petits larcins, mangeant des chats, mourant de faim souvent.
Pourtant l’humour de Mabanckou, sa façon de raconter des faits tragiques en les minimisant laissent une lueur d’espoir dans un monde pourtant compliqué. La révolution socialiste n’amène que la corruption, la religion et les superstitions sont toujours là, bien présentes dans le cœur des gens et au milieu de ce marasme, se débat Petit Piment.
Roman politique sans avoir l’air d’y toucher, roman d’apprentissage d’un jeune garçon et aussi histoire du Congo, pays natal de l’auteur, Petit Piment est une histoire qui ne manque pas de sel, tant dans son style que dans ses petites histoires de vie.
Petit Piment d’Alain Mabanckou, aux éditions du Seuil, collection Fiction & Cie, août 2015