La date limite d’inscription pour faire partie de l’aventure Libr’à Nous approche ! Nous avons demandé à quelques libraires ayant déjà participé à l’aventure de nous parler de leur expérience. Si vous n’étiez pas convaincu(e), vous le serez.
Aujourd’hui, nous donnons la parole à Maryline Noël, libraire à la librairie Le Comptoir (Shopping Los Cobres de Vitacura – Local F3 -Avd a Vitacura 6780 – Vitacura – Santiago du Chili).
Pourquoi avez-vous décidé de faire partie de l’aventure ?
J’avais déjà été très tentée l’année dernière de participer à ce prix que je suivais sur les réseaux sociaux et dont je connaissais l’existence par des collègues. Mais je pensais que mon éloignement géographique serait un handicap, que je n’arriverais pas à lire autant et être à la pointe des nouveautés comme mes collègues en métropole. Alors j’ai essayé dans l’ombre et j’ai commencé à solliciter les éditeurs pour entrer dans le circuit des services de presse numériques, etc. Et ça a marché ! Le hasard a fait qu’en février dernier, j’étais en France pour la soirée de remise des prix 2016 ; Je me suis aperçue que je n’étais pas du tout « larguée » dans les lectures et que je connaissais la plupart des livres primés. J’y ai rencontré plein de libraires sympas qui m’ont confortée dans ma décision de participer. Ce Prix me parle tout particulièrement dans la mesure où je gère depuis 20 ans une librairie française à l’étranger qui s’est toujours efforcée de défendre « la différence », de proposer des textes en dehors des sentiers battus. Nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux, nous sommes Comité de lecture pour le Prix Emmanuel Roblès depuis de nombreuses années, il m’a donc paru logique et motivant d’apporter mon grain de sel à ce Prix fait pour et par des librairies passionnés comme moi.
Quels sont, pour vous, les atouts du Prix Libr’ à Nous par rapport aux autres Prix littéraires ?
Sans hésiter, le grand atout de ce prix est qu’il renforce mon sentiment d’appartenance à une profession dont l’exercice est souvent rendu solitaire à cause de l’éloignement géographique.
En tant que libraire française du bout du monde, j’ai le sentiment que nous sommes trop souvent sollicités par notre clientèle sur les mêmes titres, les mêmes auteurs connus du grand public et qui bénéficient de la plus grande couverture médiatique. Or il y a un monde en dehors des quelques noms portés par les médias, nous le savons, nous qui ouvrons tant de cartons, nous qui lisons tant de résumés et recevons tant de représentants.
Ce prix, il est tout simple, tout est dit dans son nom : c’est notre prix A NOUS, le prix des lecteurs privilégiés que sont les libraires, le prix qui nous permet de mettre en lumière un grand nombre de nos coups de cœur personnels.
[mks_pullquote align= »right » width= »300″ size= »19″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Maryline Noël, à propos du prix Libr’à Nous : « Je lui dois mes plus belles découvertes littéraires de l’année et j’apprécie l’opportunité d’échanger d’égal à égal avec mes confrères. » [/mks_pullquote]
Que vous a apporté cette participation : votre expérience ? vos rencontres ?
J’ai eu la chance d’assister en février dernier à la remise des Prix 2016 et de voir le travail déployé par les organisatrices. Elles ont forcé mon admiration et j’ai tout de suite senti que ce Prix correspondait à ce que j’avais envie de partager de mon métier : lire lire lire, parler et faire connaître des textes sans égard pour leur maison d’édition, la notoriété de leur auteur ou le nombre de leurs passages à la télé, élargir mes choix, sortir de ma zone de confort littéraire et communiquer mon enthousiasme à ma clientèle.
Mes rencontres avec les collègues restent virtuelles mais je fais des listes secrètes dans l’espoir d’en visiter certains un jour… Quant à la liste de mes rencontres avec des auteurs jusque là inconnus de moi, elle s’allonge de jour en jour…
Comment avez-vous défendu vos choix ? Quel a été l’accueil de vos clients par rapport au prix Libr’à Nous ?
Ont-ils fait preuve de curiosité par rapport à ce Prix ? Certains d’entre eux ont-ils été influencés par le Prix dans leurs achats ?
Pour le moment je suis une véritable éponge, je m’efforce de lire presque toutes les propositions qui sont postées sur le site Facebook du Prix ! Je suis dans une frénésie de lecture proche de l’obsession compulsive : Plus de 60 romans depuis juillet ! J’adore voir l’enthousiasme de certains pour tel ou tel titre et quand je discerne des affinités avec certains collègues, je me précipite sur leurs prochains conseils. A mon tour je commente facilement et essaie d’en « contaminer » d’autres avec mon enthousiasme.
Je regrette de ne pas toujours pouvoir acheter tous les livres dont nous parlons pour ma librairie : je réalise une seule importation mensuelle et suis limitée dans mes choix par le profil de ma clientèle mais aussi par le prix du livre. En littérature nous vendons avant tout des poches, pour une raison de prix final. Quand on considère le transport aérien à l’autre bout du monde, les frais d’importation et la TVA locale de 19% sur le livre, on imagine facilement que les grands formats, donc les nouveautés, doivent souvent attendre leur deuxième vie, le passage en poche, pour trouver leur public local.
Cependant le soutien d’un Prix, a fortiori un Prix auquel nous participons en tant que jury, attise toujours positivement la curiosité de la clientèle. Nous passons beaucoup de temps à leur raconter nos lectures. Nous avons inclus dans nos choix de la rentrée des titres coups de cœur découverts grâce aux débats et nous communiquons à leur sujet. Nous n’avons pas vraiment de public « de passage » ici, nous connaissons pratiquement tous nos clients et les échanges sont très personnalisés. Au fur et à mesure que les sélections vont s’affiner, nous proposerons des animations autour des titres en concours, des après-midi lectures, etc.
La clientèle chilienne et dans une certaine mesure aussi les Français expatriés restent souvent trop frileux dans leurs demandes ou leur choix, très « traditionnels ». Nous aimons bousculer leurs habitudes et conseiller des lectures qui marqueront une différence et renforceront leur confiance en nos conseils. Le fait que leurs libraires participent à ce genre de Prix apporte sans aucun doute un certain statut à la librairie et représente un plus professionnel.
Si vous deviez convaincre un de vos confrères de participer au prix, que lui diriez-vous ?
Allez-y lancez-vous ! Aucune excuse ! En particulier mes collègues des librairies françaises de l’étranger qui se sentent quelquefois un peu isolés au quotidien. Notre Association Internationale des Libraires Francophones regorge d’excellents libraires aux quatre coins du monde : malheureusement, quand nous nous retrouvons pour débattre, c’est plus souvent autour de thématiques peu jouissives, comme les problèmes de transport, les négociations de remises, les relations distributeurs … Tant de problèmes au quotidien qui ne doivent pas cacher la forêt merveilleuse qui nous unit et nous motive : la littérature.
Le Prix Libr’à Nous et les échanges qu’il suscite contribue à me maintenir alerte et renforce mon sentiment d’appartenance à la grande famille des libraires. Je lui dois mes plus belles découvertes littéraires de l’année et j’apprécie l’opportunité d’échanger d’égal à égal avec mes confrères dans un cadre convivial et facile d’utilisation. Les règles sont simples et modernes, bravo à tous et longue vie au Prix Libr’à Nous !
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Le Prix Libr’à Nous 2017 sera remis au mois de mars.
Si vous êtes libraire, et si vous avez envie de rejoindre le projet, envoyez un mail avant le 26 novembre 2016 à prix.libranous@gmail.com ou rendez-vous sur la page Facebook de Libr’à Nous.
Si vous êtes lecteur, parlez-en à votre libraire préféré… et convainquez-le !