[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]D[/mks_dropcap]ans les rues de Copenhague, Alex, photographe, croise le regard d’Aimée : c’est le coup de foudre. Abandonnant soudain Simone, sa compagne, il se met à suivre cette parfaite inconnue qui l’a bouleversé et qu’il est persuadé d’avoir rencontrée en rêve. Ils deviennent amants le soir même. Mais le lendemain, Alex se retrouve projeté dans un véritable cauchemar : ni ses voisins, ni Simone, ni même son père ne semblent le reconnaître… Il n’a plus d’appartement, plus de repères, plus d’identité. Sa rencontre avec Aimée, la nuit précédente, aurait-elle transformé le monde qui l’entoure ? Ou bien est-il victime d’une sorte de plaisanterie cosmique et cruelle ?
A ceux qui ont écrits que le film était « trop cérébral » je dirais que c’est en partie cohérent dans la mesure où le point de vue du film est celui d’August l’écrivain, mais par contre nous sommes bien au cœur de ses émotions. Car ce film est avant tout une histoire d’amour et montre toute la souffrance qui peut être vécue quand on voit l’être aimé partir avec un autre. Histoire intime et universelle au cœur du film. Certains ont pu se sentir perdu dans la narration, c’est toujours un peu la cas devant ce genre de film, mais les clefs sont là, tout tourne autour de la souffrance d’un personnage qui va à son tour faire souffrir ses personnages. Nous sommes à la fois dans leur histoire et dans le fantasme de leur histoire. Ainsi l’histoire d’amour à laquelle on pense assister n’est pas seulement celle qu’on croit.
« Tout est un film, tout est une construction »,
déclare l’un des protagonistes, et il est sans aucun doute le double du cinéaste qui s’amuse à brouiller les cartes et à nous manipuler…
Premier film du réalisateur Christoffer Boe et qui a remporté la caméra d’Or à cannes en 2003 ; (tous les autres films depuis restent inédits en France). La mise en scène est particulièrement réussie, une vrai leçon sur ce qu’est le Cinéma et qui met en lumière toutes ses possibilités. Il y a notamment une séquence qui entretient des correspondances évidentes avec celle du Silencio de Mulholland Drive de D. Lynch. Enfin, la musique « Adagio For Strings » de Samuel Barber est tout simplement magnifique, elle accompagne tout le film, entre conte et rêve éveillé, et ne m’a d’ailleurs jamais totalement quitté depuis.