[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]N[/mks_dropcap]e vous attendez pas en lisant rendez-vous à Biarritz à un bon polar efficace. Ce livre d’une trentaine de pages, publié par les éditions Louise Bottu, est plus un ovni littéraire qu’un best-seller destiné à chauffer sur la plage, à côté de votre crème solaire. Mary Heuze-Bern, pseudonyme d’une professeur dans un lycée français en Espagne, réussit à utiliser les codes du polar pour faire un exercice de style sur la perception et le langage.
Il serait assez vain de vouloir résumer ce livre. Tout est en dans le titre. Rajoutons simplement que le personnage est dyslexique, confondant le son [S] et le son [Z]. Cette particularité rend la tâche encore plus difficile au lecteur pour saisir l’environnement et ce qui s’y passe. Dès le début de l’histoire, les personnages sont difficilement identifiables. Le héros, désigné le plus souvent par le terme « lui », se confronte dans Biarritz à une faune hétéroclite. À la recherche d’un Luiz, (ou peut-être serait-ce une Louise ?) le protagoniste, tout comme le lecteur, se perd dans le récit. Pourtant les descriptions semblent véridiques. Mary Heuze-Bern connaît les lieux « pour […] y avoir passé de nombreuses vacances » nous dit le site des éditions Louise Bottu.
Ainsi, l’auteur peut installer dans ce décor, un labyrinthe de miroir. L’histoire n’est pas un prétexte mais une illusion d’optique littéraire. Utiliser le langage pour distordre la perception, c’est déjà saisir que l’écriture est un outil de vue ou autrement dit de vision. Cet exercice littéraire permet de se rendre compte que la lecture a une force, celle de nous donner à voir et même de nous perdre dans les images qu’elle crée intérieurement. On ne doit pas se tromper, ce livre à l’allure modeste, est tout de même un exercice littéraire qui force la réflexion pour celui qui aura envie d’y voir autrement.
rendez-vous à Biarritz de Mary Heuze-Bern paru aux éditions Louise Bottu en Juin 2016