La semaine dernière c’était la 5ème édition du Pitchfork Music Festival de Paris à la Grande Halle de La Villette et comme nous vous l’avions annoncé, Addict-Culture était de la partie… le moment est venu de faire un bilan de ces 3 jours !
Bien sûr je n’aurais pas la prétention d’être exhaustive, assister à tous les concerts s’est avéré un peu compliqué avec une ouverture des portes à 17h30, et il faudra aussi compter sur ma sensibilité musicale qui il faut bien l’avouer est très rock… mais la programmation était d’une richesse incroyable avec de belles surprises à la clé alors je vous invite à me suivre dans mes pérégrinations festives !
Jour 1 : Jeudi 29 octobre 2015
En ce premier jour de festival, je voulais arriver tôt pour démarrer avec Destroyer, dont le nouvel album Poison Season ne m’avait pas laissé indifférente, mais un petit contretemps dans les transports ne m’a permis d’entendre que les dernières notes de Dream Lover… je suis donc allée me poster gentiment devant la seconde scène en attendant le début du set de Ariel Pink – sous l’immense plafond de la Grande Halle, deux scènes se font face, alternant les concerts au fil des soirées.
Et vers 19h35 le concert commence mais nous sentons qu’il y a un problème, le son est dégueulasse, ni plus ni moins, le micro de d’Ariel Rosenberg ne semble pas fonctionner, ce qui l’agace au plus haut point ! Le show peine à démarrer et malgré les tentatives du groupe de nous livrer un set foutraque et psychédélique, la sauce ne prend pas, je ris bien sûr de ce joyeux bordel mais force est de constater que ça joue faux avec une bonne dose de je-m’en-foutisme.
Du coup je pars me poser de l’autre côté, le devant de la scène est déjà bien occupé, je tente de me faufiler le plus près possible pour assister au live de Godspeed You! Black Emperor, un concert que j’attendais avec impatience. Et ça démarre enfin avec Hope Drone, le groupe prend place progressivement en cercle, la scénographie s’accompagne de visuels projetés derrière le groupe, le mot Hope apparaît… malgré un côté indifférent au public, je ne peux m’empêcher de partir dans ce tourbillon de post-rock sombre, aux montées soniques dantesques qui me transpercent le corps, je suis dedans et je vis enfin l’album Asunder, Sweet and Other Distress en live ! Il me semble entendre un titre que je ne connais pas, peut-être la promesse d’un nouvel album en préparation… ?
Godspeed You! Black Emperor (full concert… par culturebox
Déjà la fin et je réalise que Deerhunter va commencer son set, et je constate avec tristesse que je ne peux pas atteindre le devant de la scène, du coup c’est de loin que je dois assister à ce live, qui je dois le dire me déçoit un peu. Je ne sais pas… j’ai pu lire ici et là que c’était un bon concert, mais il m’a semblé que le son n’était pas génial, voire même parfois entendre des accords faux, pourtant j’ai beaucoup aimé le nouvel album, Fading Frontier, alors j’ai fini par aller me restaurer pour ne pas rater le début du concert de Beach House. Et je profiterais de ce moment pour vous faire un point nourriture, c’est sans surprise que je constate que les prix sont exorbitants pour ce que je qualifierais de malbouffe puissance mille, c’est dans ces moments là que je repense avec émotion à des festivals comme le Cabaret Vert à Charleville-Mézières dans lequel pour quelques euros tu pouvais déguster des produits régionaux accompagnés de bières de qualité… mais nous sommes à Paris, je ne suis pas étonnée !
Je pars m’installer devant la scène où je finis d’écouter les dernières notes de Deerhunter en attendant la venue des américains de Beach House, tête d’affiche de cette soirée.
C’est avec Levitation que le duo de Baltimore rentre en scène, le son est beau, aérien, et je me laisse porter par la douceur dreamy et édulcorée de leur musique – mon regret c’est de ne pas avoir réussi à faire une photo correcte du concert, je n’ai pas eu le droit de ramener mon appareil photo, alors j’ai du me contenter de mon smartphone, je vous prie donc d’excuser la qualité douteuse de mes clichés.
Le set s’étire sur un peu plus d’une heure, nous gratifiant même de deux titres issus de Bloom, leur chef d’œuvre, Myth… et Irene qui conclue le concert. Il faut noter que Victoria Legrand s’est adressée plusieurs fois au public, en français s’il vous plaît, touchante et visiblement émue de nous annoncer que son papa était présent ce soir là. Pour le reste, ce fut un concert rempli d’amour, à en croire les couples enlacés un peu partout autour de moi, me faisant oublier bien vite que je me suis fait engueuler par une fan un peu coincée qui n’avait visiblement pas l’habitude de se trouver dans une fosse au contact de gens qui dansent, oui je tenais à le dire car je n’ai pas compris cette réaction, enfin c’est peut-être aussi le côté obscur de ce festival, un certain public qui ne sait pas s’ouvrir à la communion festive d’un concert !
Une première journée mitigée mais avec de beaux moments aussi comme Beach House et surtout Godspeed You! Black Emperor qui fut pour ma part le concert de la soirée !
Jour 2 : Vendredi 30 octobre 2015
En ce deuxième jour, je suis arrivée sur le coup des 19h45, je ne voulais absolument pas rater le début du concert de Kurt Vile & The Violators, dont le dernier album B’lieve I’m Goin Down, est une fois de plus une réussite dans la discographie sans faille de ce songwriter de génie originaire de Philadelphie.
Mais c’est sur Jesus Fever qu’il décide d’ouvrir son set, un titre issu de mon album préféré Smoke Ring For My Halo, et je me sens direct dans mon élément ! Le son semble meilleur qu’hier, auraient-ils changé d’ingé son chez Pitchfork, en tous cas mes oreilles sont ravies, et le public aussi. Je me sens bien dans cette foule bienveillante, l’ambiance est bonne, je reconnais bien ce son guitar twang si cher au garçon, noyé dans des nappes de reverb’ et de disto. Sur l’intro de Dust Bunnies, il se plante avec humour et reprend du début, c’est aussi quelque chose que j’apprécie chez Kurt Vile, 3ème fois que je le vois en live et il semble toujours aussi heureux d’être sur scène avec une grande générosité et une simplicité à toutes épreuves !
Tout le monde semble d’accord quand vient Pretty Pimpin, le single de son nouvel album, et ça bouge de la tête dans tous les coins… je réussis à me hisser devant les barrières, c’est parfois un avantage d’être petite, et je peux apprécier pleinement le concert ! Sur le titre I’m an Outlaw, Kurt attrape son banjo, son instrument de prédilection, le voilà en mode picking, autre spécificité de son jeu… vous aurez compris que je suis une grande fan de Kurt Vile, je pourrais vous parler de chaque titre de son set avec amour, mais il y a d’autres artistes qui attendent leur tour, je finirais juste en disant qu’il nous a aussi joué deux titres de son précédent album de 2013, KV Crimes et Wakin on a Pretty Day mais aussi Freeway de son premier album et Freak Train de Childish Prodigy… un beau florilège de sa discographie ! Merci Kurt !
J’ai profité jusqu’au bout de Kurt Vile and The Violators, je suis ainsi arrivée devant l’autre scène tout juste pour le début du set de Battles, autre merveille de cette soirée. Sur le moment j’ai un peu déchanté, le devant de la scène était compact et déjà noir de monde, j’ai tenté de remonter par le côté et ça a fini par payer, je remercie le gentil monsieur qui m’a laissé sa place contre la barrière de droite !
Maintenant je vais pouvoir vivre de très près ce qui s’annonce comme le concert de la soirée, et ça démarre fort avec Ice Cream issu de Gloss Drop ! Le son est au top, il n’en fallait pas moins pour apprécier le délire math-rock des new-yorkais, je suis impressionnée par le jeu de batterie de John Stanier, oui c’est ma première fois avec eux, et mes jambes s’en souviendront encore longtemps, le diable s’empare de moi et je me transforme en furie pendant 50 minutes ! Je peux affirmer sans hésiter que c’est le concert sur lequel je me suis le plus lâché, d’ailleurs après j’ai eu beaucoup de mal à redescendre, ils m’ont épuisé de bonheur ! Quant à la setlist, je constate qu’ils ne se sont pas contentés de jouer le dernier album La Di Da Di, mais ils sont allés puiser dans Gloss Drop et Mirrored avec le titre Atlas. Décidément ce soir les artistes ne sont pas avares pour nous offrir un bel aperçu de leurs discographies !
Puisque parfois les images sont plus parlantes que les mots, je vous mets la vidéo de ce live, sachez que vous pouvez en retrouver certains grâce à Culturebox qui a filmé presque l’intégralité du festival, à suivre par ICI !
Battles (full concert) – Live @ Pitchfork… par culturebox
Comme je vous l’ai dit, j’ai eu beaucoup de mal à reprendre mes esprits après Battles, j’étais épuisée, heureuse et remplie… alors quand Thom Yorke est arrivé, je n’ai pas réussi à approcher de la scène, c’était clairement la tête d’affiche du festival, on se souviendra qu’il a remplacé Björk qui a annulé ses dates européennes pour des raisons ridicules, oui je n’ai pas peur de le dire, enfin passons ! Tout ça pour dire que devant la scène de monsieur Yorke, il y avait du monde, beaucoup de monde, impossible de s’approcher… j’ai quand même suivi le concert de loin, la scénographie était exceptionnelle pour sa venue, des effets de lumières somptueux, deux écrans géants, il n’en fallait pas moins pour pouvoir suivre le concert. Mais je dois dire que je trouve sa musique assez froide, bien qu’il se soit lâché, cette façon de danser si particulière, il s’est même approché du public… mais c’est bien connu le personnage vit un peu reclus au fond de lui-même ! Je suis quand même restée jusqu’au bout, sirotant ma bière, assise en profitant des touches minimalistes de sa musique… et j’ai quitté la soirée sur les premières notes de Four Tet, transports obliges !
Une seconde soirée magnifique malgré tout, mention spéciale à Battles, bien que Kurt Vile ait livré un show superbe… et une amélioration au niveau du son !
Jour 3 : Samedi 31 octobre 2015
Dernier jour de Pitchfork, mais ce coup-ci je voulais plus en profiter, je suis arrivée plus tôt que la veille, je ne voulais surtout pas rater Father John Misty, je savais que sur scène ça valait le coup d’œil ! J’arrive à La Grande Halle sur la fin du concert de Nao, jeune artiste londonienne dans la veine R&B, je n’en dirais pas grand-chose. Me voilà déjà devant la seconde scène prête à découvrir Father John Misty qui rentre en scène sur Je t’aime Moi Non Plus de Gainsbourg, le ton est donné, sexy ! Et il commence très fort avec I Love You, Honeybear, le gros single de son album éponyme, et ça marche, les filles commencent déjà à hurler ! En même temps, et c’est une femme qui vous le dit, le dandy sait y faire, il ondule aux quatre coins de la scène, il en fait des tonnes… ça promet ! Je tombe sous le charme du crooner, comme le reste de l’assemblée ce soir, il est plein de vie, d’humour, clairement il donne de sa personne sans jamais tomber dans le ridicule, et musicalement ça suit, une voix qui donne des frissons, des musiciens de haut vol, je fonds !
Father John Misty (full concert) – Live… par culturebox
Je sens que cette soirée va être l’apothéose du festival, depuis le début ça va crescendo, début difficile, deuxième soirée qui est montée d’un cran, mais ce soir je sais que je vais m’amuser comme jamais à la Grande Halle ! J’avance pour aller découvrir Unknown Mortal Orchestra, et encore une fois je la joue bien, je suis devant, je regrette juste de ne pas avoir fait mes photos plus tôt, j’ai raté Ruban Nielson, masqué façon calavera, pour son entrée en scène sur le morceau Like Acid Rain, extrait de leur dernier album Multi-Love, mais tant pis je suis aussi là pour danser !
Mélange de rock disco funk, c’est parti pour 55 minutes à sautiller, mais pas que, je suis toujours attentive au jeu de guitare, déformation guitaristique, et Ruban a un niveau de jeu assez impressionnant. On enchaîne sur Necessary Evil, mince les synthés me font voyager en d’autres époques, et ce batteur de folie, Riley Geare a une frappe redoutable, je sens chacun de mes membres répondre à cet appel dansant. Pour l’instant je ne suis pas déçue, From The Sun me ramène sur leur précédent opus, II, celui avec lequel je les ai découvert en 2013, et cerise sur le gâteau, le public chante en chœur, j’aime cette ferveur collective… et ce solo démentiel, de quoi partir loin !
Un set fabuleux, des morceaux de choix, comme Multi-Love, So Good at Being in Trouble… en bref tout était bon !
Ensuite ce fut le tour de Run The Jewels, la rencontre entre El-P et Killer Mike, duo hip-hop américain, le moment aussi que j’ai choisi pour manger un bout et faire la queue 20 minutes aux toilettes, oui il faut bien à un moment… désolée je ne suis pas très sensible à ce genre de sons bien que je dois admettre que ça avait l’air incisif et efficace, mais il y avait Spiritualized ensuite, le choix était vite fait !
Je me suis assise tranquillement devant la scène afin de réserver ma place pour la suite des festivités, et reprendre des forces. Spiritualized, est-ce la peine de les présenter ? 25 ans de carrière autour de Jason Pierce et Peter Kember, ex Spacemen 3, légendes d’un son shoegaze et psyché, que je vais découvrir pour la première fois ce soir, je m’impatiente… et vers 21h50, ils arrivent enfin sur scène dans une brume de fumigènes, premières touches de guitare et je reconnais instantanément Here It Comes (The Road, Let’s Go) – titre joué uniquement en live, le moment de l’écouter ailleurs que sur Youtube – les lumières s’allument, nous y sommes !
Le son est magnifique, je ne distingue pas les deux choristes que je devine sur la droite de la scène… ensuite ils nous envoient Hey Jane, ce soir nous aurons droit à tous les classiques et c’est tant mieux, je me demande s’ils vont nous lâcher un inédit mais nous devrons encore patienter jusqu’à l’année prochaine j’imagine… en attendant j’ai juste envie de profiter de l’instant présent ! Mince que c’est bon, je crois que j’ai le sourire jusqu’aux oreilles, mélange de respect et d’émotion de me trouver enfin face à eux, petite larme à l’œil, ça me fait quelque chose y’a pas de doutes, j’ai aussi une grosse pensée pour la cheffe que je sais aussi dingue que moi de ce groupe, j’espère qu’elle a senti mes ondes pendant tout le show…! Je deviens folle quand je reconnais Electricity, issu de Ladies and Gentlemen We are Floating In Space, classique des classiques, je retrouve mes 17 ans, disto, reverb, fuzz à plein tube, les claviers 70’s, montée infernale, je perds tous mes moyens, les chiens sont lâchés… et la douceur de Shine a Light prend la relève ! Je vous l’avais dit ce soir c’est florilège d’albums, Spiritualized nous fait plaisir, je prends un peu le temps de regarder autour de moi et le public semble heureux, transporté dans cette ambiance cotonneuse, c’est beau ! J’aurais voulu que le concert dure toute la nuit, mais 48 minutes c’est déjà pas mal, ils ont terminé sur Come Together, et comment dire… ce fut une sorte d’apothéose, l’occasion de chanter à pleins poumons pour les remercier de ce moment magique… !
Changement de plateau et autre ambiance, c’est au tour du duo new-yorkais Ratatat de rentrer sur scène, et au vue de l’installation, je sens que nous allons en prendre pleins les yeux.
Ils arrivent dans une explosion de lights, Pricks Of Brightness démarre, et la scénographie est absolument hallucinante, des hologrammes font leur apparition sur les côté de la scène, le public est déjà en transe, prêt à en découdre, partout autour de moi les gens font des bonds, et je me laisse prendre au jeu ! Et quand Loud Pipes commence, je sens que les classiques enthousiasment la salle, Mike Stroud est un guitariste fabuleux avec un son qui n’appartient qu’à lui… et voilà que des lasers traversent la salle ! Et au final c’est un show de plus d’une heure qu’ils vont nous envoyer… je suis bluffée, c’est une révélation sur scène, leur single Cream On Chrome prend encore plus d’ampleur en live, Stroud est déchaîné, le public l’est tout autant… nous avons même eu droit à un rappel, c’est dire, avec Shempi, pour ma part j’ai fini le concert plaquée contre la barrière, à bout de force mais complètement subjuguée par ce spectacle, oui du grand spectacle ! A voir !
Quand Hudson Mohawke est entré en scène, j’ai eu envie de rester encore un peu, c’est quand même un des grands noms de l’écurie Warp Records… mais mon corps lui me réclamait le repos alors j’ai filé, mais je suis sûre que le set était superbe, et que l’enchaînement des lives de John Talabot, et surtout Laurent Garnier devaient être énormes !
Ce fut ma première édition du Pitchfork Music Festival de Paris, je ne savais pas trop à quoi m’attendre malgré une programmation de rêve… après des débuts laborieux, ces journées ont toutes été plus belles les unes que les autres, pour finir en explosion ce dernier jour.
Je ne m’attarderais donc pas sur des considérations stériles sur le côté un peu hipster bobo du public, j’étais là avant tout pour la musique… comme dans tous festivals, il y a toujours des critiques à en faire, il me semble que quand un événement brasse autant de monde, il est difficile de contenter tout le monde mais dans l’ensemble ce fut une belle fête, avec de très beaux concerts à la clé ! Alors au final le bilan est plutôt positif et j’ai pris de belles claques sonores ! Merci Pitchfork !
Remerciements : Pauline Le Tallec (attachée de presse pour La Cadence et qui nous a permis de vous livrer ce live-report, je sais aussi qu’elle s’est démenée pour que j’obtienne des interviews mais le choix appartient aux artistes, alors encore merci d’avoir essayé…), Melissa Phulpin (attachée de presse pour La Cadence), le Pitchfork Music Festival pour cette programmation, La Grande Halle de La Villette, Culturebox pour les captations live, et bien sûr tous les artistes qui nous ont fait vibrer la semaine dernière.
Merci pour ce compte rendu qui nous permet de sentir un peu l’ambiance de ce festival…;)
Merci à toi pour tes quelques mots… si j’ai réussi à te faire ressentir l’ambiance du festival alors je suis ravie ! :))