[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]P[/mks_dropcap]our ceux qui avaient raté la diffusion de Rillington Place, cette excellente mini-série de 3 épisodes produite par la BBC, l’occasion se représente enfin grâce à Polar+.
Le terme glaçant très en vogue depuis quelques temps, a été plus d’une fois utilisé pour décrire l’association du dégoût et de la peur. Rarement il n’aura correspondu aussi véritablement à un personnage, celui du tueur en série britannique John Reginald Christie.
Campé par un grandiose Tim Roth, loin des exagérations caractérielles qu’il aime tant transcrire, ici il propose vraiment son opposé. Un homme apparemment discret, qui chuchote plus qu’il ne parle, petit homme insignifiant et gris, qui réussit à cacher au monde son autre visage, monstrueux, même à sa propre femme Ethel (Samantha Morton).
À force de côtoyer cet homme paranoïaque, menteur impénitent, qui la tyrannise tranquillement, elle finit par comprendre l’horreur mais opte pour le silence. Pire, le soutien dans le mensonge.
Entre 1943 et 1953, le surnommé « Reg », étrangleur nécrophile, tue huit femmes dont il cache les corps dans leur propre maison et son jardin.
Rillington Place, c’est l’adresse de ce « foyer ». Cette maison de l’horreur parfaitement filmée, recouverte de papier peint qui cloque, déchiré à certains endroits, baraque qui grince et gémit, dans une atmosphère poussiéreuse et étouffante, comme soumise à une putréfaction générale, accentue la sensation de malaise. Même l’empathie que l’on peut avoir dans un premier temps pour Ethel est grignotée petit à petit par ce pourrissement que l’on devine à tous les niveaux de leur réalité.
L’interprétation de Tim Roth est exceptionnelle, répétons-le, et celle de Samantha Morton l’est tout autant. Elle réussit à rendre la complexité de cette petite femme, dans son affligeante simplicité, modèle de femme humble qui tente tout pour persister à être mariée et convenable, à conserver un toit et un mari, deux notions essentielles pour avoir un logis et une situation à cette époque. Victime, absolument, et bourreau par son silence, Ethel reste à sa place, convaincue malgré l’effroi.
Alors, si vous n’avez pas encore vu Rillington Place, prenez votre ticket pour le 12 novembre sur Polar+.
Tim Roth, toujours aussi impeccable.