[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]H[/mks_dropcap]ow do you let go of a person if you don’t know why they’ve gone?
Traduction : comment faire son deuil quand on ne sait pas pourquoi une personne est morte?
Dans cette petite phrase, cette question rhétorique qui est posée à l’inspecteur River par la mère d’une victime, tient tout le pitch de cette histoire.
Cette production de BBC1, en 6 épisodes, se présente telle une série policière. ENCORE une série policière anglaise, me diras-tu les gens. Et même moi, la pucelle de 40 piges qui chantonne tous les matins en se brossant les dents devant son miroir « un jour mon british viendra… », il m’arrive de soupirer avant d’entamer un énième pilote sur les aventures de détective Truc ou de l’inspecteur Machinchose. Rassure-toi, je me reprends très vite en allumant la bouilloire, en sortant les ‘digestives’ au chocolat du placard et en appelant Raoul-le-chat pour qu’il vienne s’installer sur mes genoux avant que je ne lance le streaming (ah voilà, ça y est, tu comprends mieux le ‘pucelle de 40 piges’ maintenant).
Mais LÀ, il ne s’agit pas d’une série policière.
Lorsque l’on perd quelqu’un de proche, très proche, s’ouvre à soi une nouvelle dimension. Une dimension où la gravité n’a plus prise. Cette bulle dont on parle si souvent pour maintenir les gens à distance, en temps normal, devient la seule chose concrète sur laquelle on puisse s’appuyer.
Le temps devient une espèce de pelote dont on ne distingue guère le présent du passé.
Les sentiments de colère, d’injustice, de culpabilité parfois… d’irrémédiable souffrance sont la seule compagnie qui devienne tolérable.
Et ceci (id est toi dans ta bulle en train de te battre avec une pelote géante en passant par toutes les formes de douleurs), aussi aimant que puisse être l’entourage, reste de l’ordre de la science-fiction pour celui qui ne l’aurait pas vécu.
Voilà donc l’état dans lequel on découvre notre inspecteur River (le sublime Stellan Skarsgard), sexagénaire solitaire et borderline lors du premier épisode de cette série.
Au fil des quelques enquêtes qu’il tente de résoudre, on découvre, IL découvre toute la mesure que peut prendre le travail de deuil dans la Vie d’une personne. Lui qui est pourtant si souvent confronté à la mort.
Un paradoxe traité avec une infinie sensibilité et une interprétation époustouflante de Skarsgard.
Ceci n’est pas une série policière, les gens. C’est une histoire d’amour, de douleur et de haine. Mais d’amour, avant tout.
Alors, to be continuède ?