Il y a 20 ans, Ron Sexsmith sortait son album éponyme avec son visage d’adolescent mal dégrossi malgré ses 30 ans. A l’époque, la presse était dithyrambique citant pèle-mêle Leonard Cohen et Bob Dylan, Jackson Browne et Elvis Costello, eux-même très fans du bonhomme. On le retrouve aujourd’hui avec son 13ème album, Carousel One, en quinquagénaire en pleine forme.
Sur ces 20 ans de carrière, le succès critique fut toujours là et c’est amplement mérité tant le bonnhomme est doué (je vous conseille mon petit préféré Retriever sorti en 2004) mais il lui a toujours manqué quelque chose pour devenir une star du niveau de ses modèles. Trop simple peut-être, parfois trop routinier, on s’est habitué à sa présence mais sans y revenir plus que de raison alors qu’à chaque fois qu’on pose un de ces disques sur la platine, on est sur de passer un bon moment.
Pour Carousel One, Ron Sexsmith a fait appel à Jim Scott (Wilco) pour produire son album et s’est entouré d’une sacrée équipe de musiciens pour l’accompagner, jugez plutôt : Bob Glaub (John Lennon, Jackson Browne…) à la basse, le batteur Bob Heffington (Bob Dylan, Emmylou Harris), John Graboff (Dr John, John Lee Hooker) à la guitare et le clavier John McGinty (Neal Casal, Matthew Sweet), pas des perdreaux de l’année, certes mais pas des manches non plus.
Il faut croire qu’un tel équipage a mis de bonne humeur Ron Sexsmith qui sourit presque et ce, pour la première fois, sur sa pochette et a composé un album plein de soleil (Sun’s Coming Out) et d’humour. Ne nous trompons pas, le Canadien ne fait pas dans le comique troupier, on est entre gens de bonne compagnie !
Sur Carousel One, Ron Sexsmith tutoie les plus grands de Ray Davies (Sure As The Sky en ouverture) à Paul MacCartney (le splendide Getaway Car), des Byrds à Burt Bacharach (The Other Side). L’album balance entre folk et pop, avec une pointe de country, tous les morceaux sont ciselés à l’or fin, c’est léger et riche tout en même temps.
Ron Sexsmith ne cherche pas à révolutionner la musique, il lui rend juste hommage comme un humble serviteur, avec légèreté et modestie, mélancolie aussi (le poignant Many Times) et nous offre un magnifique travail d’orfèvre, le genre d’albums qu’on a envie d’écouter quand on veut faire un break, déguster un bon verre en regardant le ciel bleu, ça tombe bien le printemps est là.
Carousel One est disponible depuis le 31 mars chez Cooking Vinyl.
Un champ de lucioles http://www.longplayerlateblogger.com/2015/04/ron-sexmith-carousel-one-2015.html