Julia Holter c’est l’histoire de la chenille qui sort de sa chrysalide pour se transformer en magnifique papillon. L’envol a lieu en ce moment avec la sortie de son nouvel album Have You In My Wilderness.
Née en Californie, à Val Verde plus exactement, en 1984, Julia commença très tôt à jouer du piano, bercée par les grandes voix américaines de Joni Mitchell à Billie Holliday avant d’intégrer la California Institute Of Arts où elle développe à la fois ses dons pour la musique mais également pour la poésie. Ses premiers enregistrements sortiront sous son nom complet Julia Shammas Holter (bon courage si vous souhaitez les trouver) en 2006 avec Eating The Stars suivis de plusieurs cassettes ou CD-R à une cadence infernale.
Notons d’ailleurs que la miss ne lève pas facilement le pied, car, si son parcours musical prit une autre ampleur à partir de 2010 et la sortie de Tragedy mais surtout celle d’Ekstasis, deuxans plus tard qui la fit réellement connaitre, elle enchaîne également collaboration sur collaboration, de Nite Jewel à Linda Perhacs, de Ducktails à Jib Kidder.
2013 voit la sortie de Loud City Song produit par Cole Mardsen Greif Neill, guitariste chez Ariel Pink’s Haunted Graffiti et mari de Ramona Gonzalez alias Nite Jewel. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, c’est encore lui qui se trouve derrière les manettes de Have You In My Wilderness. Loud City Song est en effet un véritable tournant dans sa discographie, sa musique se fait moins expérimentale, sa pop se teinte de jazz et de baroque.
Alors qu’on pouvait la comparer à ses débuts à des artistes comme Grouper, Tiny Vipers ou Julianna Barwick, elle a depuis lors illuminé sa musique pour arriver à la beauté solaire de Have You In Wilderness.
Have You in My Wilderness s’ouvre avec quelques notes de clavecins sur Feel You le premier titre avant que la voix angélique de Julia Holter ne s’élève. On est d’emblée surpris par l’allégresse qui se détache de ce premier morceau, allégresse qui ne nous ne quittera pas de tout l’album. Julia Holter nous offre là son disque le plus lumineux à l’instar d’une pochette qui nous la montre enfin en plein jour.
Silhouette ou Sea Calls Me Home confirment par la suite qu’on a là affaire à un bel album de pop songs, où la voix de Julia est naturelle et enfin mise en avant, entourée d’une instrumentation bien plus classique qu’auparavant. Everytime Boots se révèle même primesautier et ludique, il y a là quelques tubes imparables si on vivait dans un monde parfait.
Même si le format est plus simple, l’inspiration plus basée sur la quotidien que sur la littérature (Colette, Virginia Woolf ou Euripide sur ses œuvres précédentes), Julia Holter ne renonce pas à quelques splendides expérimentations entre jazz, art pop et electronica, comme sur les magnifiques Vasquez ou Betsy On The Roof, qu’on pourrait retrouver du côté de Van Morrison ou The Blue Nile.
Sur un How Long ? aérien, c’est l’ombre de Nico qui plane au dessus de nos têtes alors que Lucette Stranded On The Island nous donne l’impression de nager entourés de créatures imaginaires.
L’album est impressionnant de maitrise et d’intelligence, chaque note semble être mûrement réfléchie et parfaitement placée, mais tout en gardant une émotion en filigrane. Julia Holter prend là en effet une sacrée envergure, piétinant avec grâce les plate-bandes de Carole King ou Kate Bush.
Véritable travail d’orfèvre, Have You In My Wilderness est disponible chez Domino Records depuis le 25 septembre.