Un membre permanent de la famille n’est pas le premier recueil de nouvelles de Russell Banks, écrivain Américain originaire du Massachussets né en 1940, mais il ne s’agit que du deuxième sur lequel je me penche réellement, après le très bon Trailerpark paru en 1996.
On le sait, Russell Banks a écrit de très grands livres, au débotté : Continents à la dérive, Sous le règne de Bone, De beaux lendemains – brillamment adapté au cinéma par Atom Egoyan – ou encore American Darling, qui devrait lui aussi connaitre une adaptation cinématographique par Martin Scorsese.
Ce qui frappe d’emblée en lisant la deuxième page, ce sont les provenances très diverses des parutions des nouvelles : Esquire, Télérama, Harper’s ou encore Yale Review, ce qui pourrait laisser penser à un livre pas très homogène, voire une œuvre de commande. Il n’en est manifestement rien. L’unité est bel et bien présente tout au long des douze nouvelles qui nous sont ici offertes. Le fil conducteur en est la noirceur. Pas vraiment de happy end. Le gouffre. Parfois, les personnages sautent. Parfois, ils restent au bord, ne manque que la petite pichenette pour effectuer le grand saut. Pas ou peu question de rédemption.
Une dame qui reste coincée dans un parc automobile gardé par un chien féroce après la fermeture de celui-ci, un patriarche qui se retrouve sans revenu à septante ans (soixante dix ans) et qui doit subvenir à ses besoins de manière illégale alors que ses trois fils travaillent dans l’administration sécuritaire des États-Unis, un homme d’âge moyen qui reçoit le cœur d’un jeune homme accidenté de la route et qui doit répondre à une demande de visite de la veuve éplorée, un couple éclaté qui se partage la garde de leurs filles et qui se dispute la garde du vieux chien…
Comme dans tout recueil de nouvelles, il y a des hauts, et des bas. Certaines sont plus inspirées que d’autres, n’est pas Raymond Carver qui veut*, mais globalement, il s’agit d’une belle œuvre où l’on retrouve tous les thèmes chers à l’écrivain : l’Amérique des milieux modestes, des personnages qui se mettent dans des situations pas possibles par détresse souvent, par bêtise parfois.
In Fine, je vous le recommande. A lire sans modération.
Un membre permanent de la famille, Russel Banks, Éditions Actes Sud, janvier 2015
*petit clin d’oeil de l’auteur de l’article au rédac’chef adjoint de cette section littéraire.