[mks_pullquote align= »justify » width= »800″ size= »18″ bg_color= »#797979″ txt_color= »#ffffff »]À l’occasion de la sortie de Monument Ordinaire, le magnifique nouvel album de Mansfield.TYA, Addict-culture, fan de la première heure, revient sur le parcours du duo nantais de ses débuts jusqu’à aujourd’hui. Un feuilleton en cinq épisodes, agrémenté d’une entrevue joyeuse d’une heure avec RebeKa Warrior et Carla Pallone effectuée le 28 janvier dernier. L’occasion rêvée, aussi, d’aller chercher dans nos archives, nos disques durs, quelques bricoles du passé.
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ÉPISODE 2 : 2009 – 2010, SEULES AU BOUT DE 23 SECONDES
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Après le succès de leur premier album June en 2005 et la tournée qui a suivi, les primo admirateurs du duo découvraient que Julia Lanoë, sous l’avatar RebeKa Warrior, officiait aux côtés de Mitch Silver au sein de Sexy Sushi, dans un registre… différent. En 2006 paraît Ça m’aurait fait chier d’exploser avec notamment la chanson Sex Appeal, et en 2008 Marre Marre Marre qui reprenait certains morceaux du disque précédent en y ajoutant, entre autres, le doux et mélancolique T’enflamme pas pétasse. Le monde se divisait alors en deux catégories : ceux qui avaient vu Sexy Sushi en concert, et ceux qui s’ennuyaient le mardi soir. C’était alors probablement le phénomène le plus délirant à voir sur scène, renouant avec la folie punk des années 80.
Le 9 février 2009, Mansfield.TYA est de retour avec un deuxième album : Seules au bout de 23 secondes.
La première écoute est déroutante. L’album démarre sur Long ago, une ballade au rythme presque entraînant, et à l’humeur pas loin d’être joyeuse. Au piano qui ouvre le titre s’ajoutent progressivement la guitare – jusqu’ici tout va bien – puis arrivent maracas et claquements de doigts. Nous pensions renouer avec la mélancolie noire, et sommes d’emblée déroutés par cette entrée en matière. Lointaine remet les choses à leur place : guitare/violon, la voix de Julia fragile, les paroles au diapason : « Et pourtant je vous aime / Mais partir il vaut mieux. » Sur le plafond signe l’arrivée de la batterie dans la musique du groupe, une ballade désespérée qui fait écho à Pour oublier je dors de l’album précédent avec cette phrase : « Puis-je vous ouvrir le crâne ma chère amie ? ». Ce sera la première chanson du groupe à avoir un clip. Un clip flippant. Aussi, sur la chanson suivante, Des journées ordinaires, nous entendons un duo entre RebeKa Warrior et Vale Poher : encore une première fois. Et ainsi de suite sur chaque morceau, de nouvelles façons de faire, des chœurs plus présents, des tempêtes rock (Silver silences II), des déchirements émotionnels (Je ne rêve plus), jusqu’au goût pour l’expérimentation sur les deux derniers titres : il n’y a plus de couplet ni refrain, juste une phrase répétée à l’envi. Passée la première surprise d’autant de changements, on se surprend à être à ce point obsédé par cet album, et à l’écouter en boucle, en boucle, en boucle.
Pourquoi ce titre, « Seules au bout de 23 secondes » ?
Carla Pallone : Dans Les vies silencieuses de Samuel Beckett, de Nathalie Léger, il y a une petite phrase où Beckett – ou Nathalie Léger – dit « seul au bout de 23 secondes ».
RebeKa Warrior : Ah bon ? Mais, elle nous l’a piqué ! C’est sorti quand ce livre ? C’est impossible, elle aurait pu écrire « 72 secondes ».
Carla : C’est pas exactement dit comme ça, mais presque. Je ne me souviens plus.
(NDR : J’ai vérifié, le livre est sorti en 2006, et Nathalie Léger rapporte une note manuscrite de Beckett dans laquelle il compte les minutes de silence. On y lit ceci : « Combien de silences de 23 secondes pour faire un silence total de 24 heures ? » Le morceau éponyme de MTYA qui conclue l’album démarre après un silence d’exactement 23 secondes.)
Aux instruments du premier album, vous ajoutez ici la batterie notamment. Comment est née cette envie ?
RebeKa Warrior : Depuis toujours j’ai besoin de renouveau, dans les instruments, les styles. Faut que ça change, que je m’aère tout le temps. Sur June j’aimais bien composer à la guitare, un petit peu au piano. Pour Seules… au piano, à la batterie. Après ça a été à l’ordinateur. La constance c’est l’écriture et le chant. Mais pour l’accompagnement j’aime bien que ça varie.
Sur l’enregistrement de l’album, Antoine Bellanger joue de la guitare, Étienne Bonhomme de la batterie. C’était naturel pour vous de faire intervenir de nouvelles personnes ?
Carla : Oui, on avait besoin d’aide tout simplement.
Par contre pour la scène il fallait vous y mettre.
Carla : Julia a toujours rêvé de faire de la batterie, c’était son rêve d’enfant !
RebeKa Warrior : Oui, c’était mon rêve d’enfant, je m’étais inscrite à l’école de musique pour faire de la batterie. J’étais trop mauvaise au solfège, alors au bout d’un an on m’a dit « tu feras de la guitare ou du piano comme tout le monde », donc j’ai quitté l’école en claquant la porte parce que seuls les deux meilleurs avaient le droit de faire de la batterie. Et puis il y a la dimension hyper rock’n’roll : les batteuses, c’est sexy. J’avais envie d’atteindre ce stade. J’ai essayé mais je trouve que sur moi ce n’était pas si sexy finalement. Il faut bien savoir en jouer quand même ! Faire de la batterie sur scène, chanter en même temps, c’était un rêve oui.
[mks_pullquote align= »left » width= »300″ size= »17″ bg_color= »#e46c01″ txt_color= »#ffffff »] »L’absence de l’évidence est intéressante, ça nous oblige à chercher autre chose. »[/mks_pullquote] Carla : On a toujours vécu la scène comme un terrain de jeu, où on se partage les instruments. Sur June, la basse ou la batterie ne nous manquaient pas, ça nous a aidé à développer un langage de duo. On nous a dit au début : « Il faut une batterie, il faut une basse », mais l’absence de l’évidence est intéressante, ça nous oblige à chercher autre chose.
RebeKa Warrior : June était un album très « chansons », basé sur l’écriture voix/violon, Seules… se voulait plus « rock », on avait envie de ça, c’était le moment se s’énerver donc guitare/batterie ça fonctionne.
La tournée de Seules au bout de 23 secondes a été à l’image de la découverte de l’album : un choc, un émerveillement, une obsession. C’était un ballet où RebeKa Warrior et Carla s’échangeaient les instruments, parfois même en cours de morceau, étaient décontractées, aussi excentriques que mesurées. Mansfield.TYA était en train de devenir un groupe rock incontournable à voir sur scène. Elles tournaient alors dans beaucoup de petites salles, au public très enthousiaste et bouleversé, se sentant privilégié. J’ai retrouvé des billets de concert, je les ai vues deux fois à 10 jours d’intervalle : le 18 mars 2009 à La Boule Noire (Paris) et le 27 mars à L’Argo’Notes (Montreuil), je m’en souviens presque comme si c’était hier.
Carla, c’est à partir de cet album qu’on commence à entendre ta voix. Et qu’on entendra de plus en plus, d’album en album.
RebeKa Warrior : Elle essaie de prendre ma place !
Carla : Le chant c’est dans la vie de tout le monde, de tous les jours, mais je ne me sens pas chanteuse ! Choriste si tu veux ! Christelle (Lassort), qui joue souvent sur nos albums, dit toujours que le violon est comme une voix sans paroles. Je ne suis pas en manque de voix, de chant, mais ça me plait.
Dans la chanson « Des journées ordinaires » (en duo avec Vale Poher), Julia tu chantes ceci : « Je chope des maladies dans l’air… »
[mks_pullquote align= »right » width= »300″ size= »17″ bg_color= »#e46c01″ txt_color= »#ffffff »] »Il y a beaucoup de prophéties dans ce que j’ai écrit, c’est assez flippant. »[/mks_pullquote] RebeKa Warrior : Il y a beaucoup de prophéties dans ce que j’ai écrit, c’est assez flippant. Maintenant j’essaie d’écrire sur l’amour universel parce que j’ai un don de voyance par la chanson. Je chante un truc et hop ça se réalise. Faut faire vraiment très attention.
Sur le vinyle de « Seules… » il y a deux chansons qui ne sont pas sur le CD, « Leave your hate » et « En plaintes et en déliés ». Pourquoi ?
RebeKa Warrior : Ah bon ? On a fait n’importe quoi ! Sans doute une histoire de timing, ce n’était pas prêt pour le CD, ça l’était pour le vinyle.
À côté de chacun de vos albums il y a des disques plus courts avec des chansons inédites, des reprises. Après June il y avait Fuck avec une reprise de la chanson de Dominique A, En Secret, et après Seules… les plus téméraires pouvaient découvrir le morceau Refaire tout comme hier et un remix de You’re the woman sur un vinyle deux titres. Ce sera le cas pour chacun de vos albums, il faudra partir à la chasse aux trésors cachés. Vous en avez encore beaucoup des morceaux inédits que vous n’avez pas sortis, que vous gardez pour l’anthologie des 60 ans du groupe ?
RebeKa Warrior : Oh oui ! Un coffret ! Oui nous aimons les goodies, pour faire des bonus, pour la scène, des reprises. Une fois que c’est enregistré on a envie d’en faire quelque chose.
Carla : On ne publie pas tout ce qu’on enregistre. Il y a aussi des morceaux qu’on condamne quand on les fait. Et puis cinq ans plus tard on se dit « Mais il était super celui-là ! ».
RebeKa Warrior : J’ai des heures et des heures de musique qui ne sont pas sorties.
Carla : On a des cassettes ! Et des mini-discs.
RebeKa Warrior : J’ai retrouvé le sac à dos avec les mini-discs ! Et l’appareil marche encore. Cette nuit si t’as rien à faire.
Carla : Je me rappelle d’un morceau batterie-balais, je crois que c’est un de mes préférés.
RebeKa Warrior : Un morceau jazzy ?
Carla : Non, pas vraiment. Il y avait du piano aussi dessus. Je te le retrouverai.
RebeKa Warrior : J’aime bien ce morceau écrit il y a longtemps qui s’appelait Nosferatu.
Carla : Oui ! C’était avec l’orgue que j’avais trouvé dans une brocante. C’est vrai qu’elle reste bien dans le crâne celle-là. Bon, tu vois, elle a été condamnée. Peut-être qu’on la ressortira dans dix ans.
RebeKa Warrior : Pour le coffret des soixante ans !
Le vinyl de Seules… est accompagné d’une sérigraphie, l’objet est super soigné. Vous commencez à développer un soin tout particulier à l’esthétique du groupe, votre stand merchandising s’étoffe, vous vous entourez d’artistes qui vous seront par la suite très fidèles. C’est important tout cet aspect à côté de la musique ?
RebeKa Warrior : Oui, le groupe est un tout. Les clips aussi, tout fait partie du projet.
C’est pas juste une façon de se faire du pognon sur les gens comme moi ?
RebeKa Warrior : Si, aussi. Tu peux revendre tes vieux posters, ça vaut un peu cher maintenant.
Avant de plonger dans la nuit de Nyx, le troisième album du duo, voici Refaire tout comme hier présente sur le vinyle 7″ La petite troupe ne connaît pas la peur IV :
Retrouvez le dossier de tous les articles de cette semaine spéciale ici :
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Seules au bout de 23 secondes – Mansfield.TYA
Vicious Circle – 9 Février 2009
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Image bandeau : RebeKa Warrior