[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#EFC73A »]S[/mks_dropcap]imone Veil, ministre de la santé de Giscard et auteure de la loi sur l’IVG, était aussi présidente d’honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Décédée en juin 2017, elle est entrée au Panthéon en juillet 2018. C’est sa vie, sa déportation à Auschwitz et son combat féministe qu’ont choisi de raconter et d’illustrer Pascal Bresson et Hervé Duphot dans Simone Veil, l’immortelle (Marabout).
Pour l’Histoire et à jamais ! Cette bande-dessinée retrace la vie de Simone Veil, au fil de 176 pages qui s’égrènent tel un vibrant hommage rendu à une femme courageuse, une figure féministe à la fois populaire et discrète.
Bien sûr, il y a d’abord cette loi pour l’interruption volontaire de grossesse qu’elle a fait voter avec un écart de 95 voix et pour laquelle elle s’est battue contre vents et marées, les députés de la ligne anti-avortement n’ayant pas ménagé leurs attaques, même ad-nominem. Et puis il y a l’horreur des camps nazis dont elle est sortie vivante, mais sans sa mère, morte du typhus, et sans son père et son frère, gazés dès leur arrivée… Autant d’événements qui ont forgé le destin de Simone Jacob, née en 1927 à Nice.
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La BD alterne ainsi les épisodes politiques du vote de la loi et ceux qui conduisent la famille Jacob vers la déportation. Afin de situer chaque période et flash-back, les auteurs utilisent une monochromie différente : bleue pour illustrer les débats sur l’IVG à l’Assemblée Nationale ; jaune quand il s’agit de témoigner des années bonheur bientôt altérées par l’occupation ; gris pour symboliser la noirceur des camps et l’abominable scénario nazi.
Le trait du dessin est simple mais efficace, tandis que le scénario fourmille d’anecdotes. Concernant précisément le vote de la loi sur l’IVG, la bande-dessinée nous entraîne dans les couloirs de l’Assemblée, revient sur de petites phrases assassines, témoigne du soutien de circonstance apporté par Jacques Chirac, alors Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing… Le travail de l’ombre de Jean-Paul, l’attaché parlementaire de Simone Veil, est aussi parfaitement mis en scène. Cette illustration du débat public et de ce qui se trame en coulisses, se révèle tout à fait passionnant.
D’autant que l’IVG demeure cette année encore un sujet d’actualité : début août en Argentine, le Sénat a rejeté le droit à l’avortement, s’opposant au vote des députés deux mois plus tôt. C’eût été le premier grand pays sud-américain à légaliser l’IVG, c’est dire le chemin qu’il reste à faire à l’échelle mondiale… Rappelons aussi que, si la loi Veil a marqué les esprits, il a fallu encore attendre 40 ans et la loi du 4 août 2014 défendue par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, pour que l’IVG soit désormais remboursée à 100 % par la Sécurité sociale !
« Ma revendication en tant que femme, c’est que ma différence soit prise en compte« , avait écrit Simone Veil. De ce point de vue, le travail de Pascal Bresson et d’Hervé Duphot fait honneur à sa mémoire.