Le 23 février dernier, And Also The Trees sortait Mother-of-pearl Moon, un seizième album studio aussi discret que remarquable. Ce dernier disque en date marque une fois encore l’obstination de ses concepteurs à conduire une carrière loin des codes et des convenances. L’objet en question s’apprécie assurément devant un feu de cheminée, l’oreille tendue à la lueur d’une intime atmosphère. Au niveau du ressenti, la texture est quelque peu brumeuse mais certainement pas dépourvue de sens.
La carrière des anglais a commencé véritablement le 12 janvier 1980 lors d’une première apparition scénique, plus précisément à l’occasion d’un concert joué dans une petite salle du village d’Alcester.
En cette période automnale, les fans d’AATT (mais également ceux qui voudront découvrir plus amplement un groupe dont la poésie théâtrale impose le respect) ont la faculté de revivre chronologiquement le destin de nos anglais au parcours aussi long qu’atypique.
Le documentaire Slow Pulse Boys retrace ainsi en 2h36 le parcours d’And Also The Trees à travers les confidences de ses membres (actuels ou anciens) mais aussi des évocations émises par ceux qui ont eu la chance de croiser les intéressés au gré de collaborations et/ou expertes observations.
De la genèse inspirée du punk (Siouxsie & The Banshess, Suicide…), puis un rugueux album homonyme produit par Lol Tolhurst (The Cure) en passant par diverses époques où les questionnements esthétiques auront été posés sur le plan de travail, le défricheur et réalisateur Sébastien Faits-Divers, épaulé pour l’occasion par le biographe Alexandre François, parvient à extraire des séquences du film la passion franche qui anime un sujet porté par le noyau dur du projet initié il y a plus de 40 ans, à savoir l’osmose gravitant autour de Simon Huw Jones réputé pour son chant expressif (parfois même ténébreux) et son frère Justin Jones dont le jeu de guitare pourrait parfois laisser penser à la résonance d’une mandoline triste.
Images d’archives et captations de concerts viennent soutenir les propos grâce à un montage collant de manière finement pensée au romantisme de l’affaire. Lors du visionnage de cette masse d’informations, j’ai été particulièrement touché par la lucidité de propos confrontés à ce cheminement hélas quelque peu boudé, sans doute par manque de réflexes ambitieux mais surtout du fait d’une appétence sincère pour des sons difficilement abordables pour un large public. L’influent John Peel disait d’ailleurs d’eux que leur musique était trop douloureuse. C’est dire !
Il n’empêche, le DVD rend pleinement hommage à un groupe méritant un éclairage comparable à sa propre musique : Soigné, pudique, singulier !
Crédits photos : Sébastien Faits-Divers, sauf pochette du DVD par Simon Jones
Slow Pulse Boys / FD Films
24 Octobre 2024
Précommande du documentaire DVD : slowpulseboys.com