Anja Plaschg, plus connue sous le nom de SOAP & SKIN sera de retour sur la scène de la Cigale le 28 Octobre prochain … Et je ne serai pas dans la salle : Privation extrême ! Pour ne pas rester dans cet état de frustration absolue j’ai décidé de revivre le concert auquel j’ai pu assisté, l’hiver dernier, à la Chapelle de Saint Malo à la Route du Rock hivernale :
J’entre dans cette chapelle avec une appréhension d’austérité et de froideur. Je découvre toutes ces chaises de velours rouge, ces lustres d’une magnificence réconfortante, ces drapés bleus-gris enveloppants et pendant du plafond.
Le premier rang est vide : Vite ! Une place, juste là, près d’elle, devant son compagnon scénique : son piano à queue noir. Sur le dessus de son instrument suprême repose un ordinateur et de multiples appareils électroniques. Et puis, au centre proche de la scène : un micro qui me fait déjà tressaillir à l’idée d’entendre la voix d’Anja prendre toute son ampleur… Maintenant : l’attente dans cette ambiance invitant (malgré un total athéisme) au recueillement le plus précieux.
Elle arrive : toute de noire vêtue, frêle, cheveux oranges, fragile, discrète, intimidée. Elle se place discrètement, sans un bruit derrière le clavier de son piano. Elle choisit d’interpréter « Vater », ce titre dédié à son père décédé récemment et me transporte immédiatement, irrémédiablement, dans son univers, sa noirceur, ses peurs, ses souffrances, ses interrogations… Comment ne pas tomber ? Comment ne pas laisser couler les larmes qu’elle m’arrache, les démons qu’elle parvient à exorciser ?
Pendant plus de 2h l’intrigante Anja Plaschg reprend en intégralité son premier album : « Lovetune for Vaccum » et son dernier : « Narrow ». Pour certains morceaux, elle quitte ce piano avec lequel elle fait corps pour s’approcher du micro central et nous offrir sa seule voix, incarnée, flamboyante, empreinte d’une sensibilité rare. Elle ne se résume pas à nous offrir sa voix, elle s’offre toute entière. Elle est habitée par ses chansons, elles la transcendent, la submergent autant que nous, que moi. Elle clôture cette performance par une reprise audacieuse de « This is the End » des Doors, seule, au piano.