Luce, un chien dénommé Murène, trois mamans, un père absent et un p’tit con, qui n’est autre que le frère, attachant, de Luce… Cette galerie de personnages compose le scénario de Soleil glacé (Glénat), une BD siphonnée et soignée, signée Laura Giraud (pour les dessins et les couleurs). Et Séverine Vidal (dont le roman du même nom a été publié en 2020).
« C’est une belle histoire » chante Michel Fugain. Soleil glacé en est une, assurément. Menée tambour battant, au rythme d’un cœur gros comme ça (et inversement proportionnel… à la toute petite taille du texte dans les bulles, ce qui le rend parfois difficile à lire).
Au début, il y a donc Luce, une jeune femme au tempérament de feu, qui apprend le jour de l’enterrement de son père qu’elle a un frère, Pierrot, né avec 7 mois d’écart. Une fois la surprise passée, elle éclaire avec lui un pan entier de zones d’ombres héritées d’un passé familial aussi elliptique que compliqué.
Ah oui, au fait, Pierrot a des rituels fixes et vit dans un foyer. Les visites, c’est le mardi et le dimanche. Dans la poche du p’tit frère, il y a un portefeuille, des papiers, une carte de bus, la monnaie pour le pain, des photos. Et puis il y a aussi un portefeuille, des papiers, une carte de bus, la monnaie pour… Allez, zappe ton zip ! C’est ainsi que Luce parle à Pierrot quand celui-ci commence à dérailler et tout répéter en boucle.
Ce code bien rodé va faire tomber les barrières et permettre à la fratrie de se parler franchement, sans fioritures et sans à-priori. C’est que Luce veut rattraper le retard. Alors, entre un coup de fil avec Marianne, la mère de Pierrot, et une explication avec Jo, sa mère, Luce prend une grande décision : partir avec son frère en road trip. Direction la Laponie. Rien de tel qu’un voyage et une belle aventure pour créer des liens !
Sauf que, si de belles rencontres ponctuent le quotidien des deux doux-dingues, les obstacles vont aussi se multiplier sur le chemin. Dépassement de soi, soutien mutuel, condescendance des uns, emportement des autres… La méchanceté et la bêtise vont s’inviter dans le sillage de ce beau voyage, ponctué par de pleines pages au dessin conceptuel ou par des cases empreintes de belles couleurs automnales.
Aussi, c’est avec plaisir et intérêt que l’on la fugue de Luce et Pierrot, à la recherche du temps perdu. De ce point de vue, la BD coche de nombreuses cases : c’est virevoltant et attachant !