[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]eur second EP est un carte de visite qui nous promet de futures aventures sur un format plus étoffé. Le groupe réside à Paris mais ses racines sont brestoises. Le personnage fictif Steve Amber, sorte de gentil monstre à quatre têtes, fait en tous les cas résonner From A Temple On The Hill avec brio. Le quatuor y mélange un paquet d’humeurs au travers de cinq titres maniés avec une étonnante sagacité. Le disque s’oriente autant sur les rives du folk que sur des aspects qui font frétiller nos oreilles au point de donner le vertige. Au final, les mouvances se définissent par des émotions authentiques et remuantes bien que souvent chargées de spleen. En fait, rien n’est véritablement statique dans leur petite boite à musique qui ne demande qu’à grandir.
Afin de mieux découvrir cette belle promesse de la scène rock française, j’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Tchaz (guitare et chant) et Greg (batterie) au cours d’une entrevue qui fut l’occasion pour eux de revenir sur la genèse de leur formation avant d’évoquer leur rapport à la musique.
Steve Amber est né de quelle manière ?
Greg : Avec Tchaz on s’est rencontré à la fin du lycée en 2009. Tous les deux on était fan de John Butler Trio. Notre volonté était de monter un groupe et d’aller dans cette direction. Le choix du nom est venu d’un désir de s’accoler un personnage fictif, on en a inventé plusieurs et quand Steve Amber a été proposé on s’est dit « ça marche ».
Tchaz : C’est en fait un reflet de nos paroles et compositions. C’est peut-être prétentieux mais il y a pas mal de philosophie et de questions existentielles dans ce que nous faisons. On part d’une ligne de chant avant de définir un thème global et c’est comme ça que nos choix s’opèrent. La justification de Steve Amber comme nom de groupe peut s’exprimer du fait qu’étant quatre, nous avons des perceptions d’écoutes différentes. En prenant pour un groupe le nom d’une seule personne c’est comme affirmer la fusion de l’ensemble.
Vos influences semblent multiples comme The Black Angels, Fleet Foxes ou Radiohead. Est-ce aujourd’hui une nécessité pour se définir ?
Tchaz : Qu’on le veuille ou non, nous sommes le résultat d’un conditionnement. Après comme le disait Pablo Picasso « les bons artistes copient, les grands artistes volent ». Steve Amber n’échappe pas à la règle. On va prendre une technique ici, une petite influence ailleurs mais à nous de l’adapter sans forcément avoir une prise de conscience du mécanisme. Tu fais référence à des groupes connus auxquels nous sommes rattachés mais ce qui est étonnant c’est que j’écoute bien plus quelqu’un comme Ty Segall davantage dans un esprit « garage » alors que Steve Amber se définirait par des guitares aériennes.
Greg : Les influences que tu cites sont rappelées par d’autres personnes qui ont écouté notre musique mais nous n’avons pas la volonté de ressembler à d’autres. Steve Amber c’est une sorte de Frankenstein à quatre (rires).
Il y a quelque chose de rétro et moderne à la fois dans votre approche du son. C’est une ambivalence qui est calculée ?
Tchaz : On vit une époque qui nous permet d’avoir accès à plein de données. De ce fait, il est possible d’englober plusieurs décennies et le mélange peut s’effectuer. Il n’y a pas de portes fermées, nous n’avons pas de préférence pour une période particulière. On essaye juste de retirer le meilleur de chacune.
Greg : Notre volonté est tout de même de garder un esprit plus brut. Le fait d’avoir enregistré en condition live a vraiment insufflé une énergie différente au disque. Avec une production plus actuelle on rentre par contre dans un concept plus moderne. Au final, ça donne un côté hybride aux compositions.
Sortir un EP de 5 titres est-ce un galop d’essai pour tester plusieurs pistes et préparer le futur ?
Greg : En fait c’est notre second EP. Celui-ci a été élaboré comme un outil de promo. On manquait de fonds pour envisager un projet plus important. Par le biais de la chaine YouTube « From A Temple On The Hill » l’objectif a été de sortir du contenu. L’idée est de présenter une vidéo par titre, comme une bande son, afin de développer notre diffusion auprès du public. Pour ton information, un album est actuellement en cours de réalisation.
J’ai constaté que vos morceaux étaient particulièrement évolutifs.
Tchaz : C’est dans notre habitude de faire de la musique progressive mais sur ce point il n’y a pas de règle. Pour notre futur album, plusieurs titres seront d’ailleurs dans un format plus pop.
Greg : C’est une habitude que l’on a pris dans le processus de création car nous prenons les idées des quatre membres du groupe. Tchaz est d’origine britannique, c’est donc logiquement qu’il est attaché à l’écriture des paroles. Pour la musique c’est un ensemble d’histoires avec des hauts et des bas. Actuellement nous effectuons un changement de structures avec une plus grande recherche d’efficacité. Sur l’EP nous étions dans l’exploration, on voulait sortir des sentiers battus, quitte à nous essayer maintenant à des structures plus simples.
La mélancolie est très présente sur l’EP avec des titres comme At Road’s End ou The Self As A Wave. C’est une humeur qui vous touche particulièrement ?
Tchaz : Un riff de guitare te conduit vers une sensation puis l’humeur du morceau va t’aiguiller sur un thème. En fait, ça dépend des morceaux. Ce n’est vraiment pas un dogme.
La rythmique de What The Radio Plays est très entrainante. C’est la raison du choix du titre pour illustrer le disque ?
Greg : C’est un choix de Yann Landry, notre chargé de promo. On lui a fait confiance. Ce titre est en effet assez évident, ce qui est préférable pour attirer l’oreille. S’il est à la fin du disque ce n’est pas un hasard. C’est comme une sorte de transition avec ce qui va suivre.
S’il fallait choisir entre Brest et Paris…
Tchaz : La Creuse (rires). Le problème c’est que lorsque je suis à Brest je me dis qu’il n’y a rien à faire et quand je suis à Paris, toute cette agitation me déprime.
Greg : Je choisis la Bretagne et pas seulement pour être bien vu de toi (rires). Paris c’est inévitable si tu veux que les choses bougent mais c’est une ville de fous. En Bretagne c’est plus cool, il y a plus de chaleur. Avec le public, la communication y est bien meilleure. C’est plus compliqué à Paris.
Chez Addict-Culture, notre souci est de susciter l’envie. A ce titre, pouvez-vous nous suggérer un album ?
Tchaz: Silence Slowly and Madly Shines par The Psychotic Monks. On est pote avec eux. Ils étaient d’ailleurs programmés pour la dernière édition de Rock en Seine. Je le conseille vivement.
Greg : J’écoute tellement de musique en ce moment que le choix est impossible… Je vais tout de même évoquer Bon Iver, Bon Iver sorti en 2011. Je l’écoutais alors que j’étais sur une route de montagne. A chaque fois que je me le repasse… j’y retourne !
EP disponible depuis le 17 septembre 2018
Remerciements: Tchaz, Greg, Steve Amber et Yann Landry