[dropcap]D[/dropcap]ix ans après leur premier album, Creatures of an Hour, le duo londonien Still Corners revient ce 22 janvier 2021 avec The Last Exit, chez Wrecking Light Records/Differ-Ant, le cinquième du nom : de quoi commencer l’année sous les meilleurs auspices !
Tessa Murray et Greg Hugues nous embarquent dans un véritable road-trip musical en plein cœur de la Californie, parachevant une trilogie initiée avec les morceaux The Trip (Strange Pleasures, 2013) et The Message (Slow Air, 2018) : un voyage hypnotique et éthérée dans un décor désertique, à l’esthétique évoquant un western… fermez les yeux, Paris, Texas, Wim Wenders, Ry Cooder… vous y êtes.
We found something out there in the desert – something in the vast landscapes that went on forever.
C’est ce qu’on était venus chercher dans ce décor : cet infini propre aux vastes paysages désertiques.
Greg Hugues
Still Corners est né en 2009 de la rencontre entre Tessa Murray et Greg Hugues sur le quai d’une gare de la banlieue de Londres. Hugues est un musicien américain d’origine texane expatrié, Tessa est chanteuse et joue du clavier : leur destin est scellé à la scène comme dans la vie privée. Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous, Paul Eluard avait vu juste avec ces deux là !
Après deux albums aux sonorités dream-pop, quelque part entre Mazzy Star et Broadcast, Creatures of an Hour en 2011 et Strange Pleasures en 2013, tous deux signés chez Sub Pop, Still Corners sort le dispensable Dead Blue en 2016. Un album qui marque la rupture avec leur label et la naissance de Wrecking Light Records, leur propre maison de disque : un opus en demi-teinte pour ma part, une exploration électro dans laquelle le groupe semble se perdre.
Ainsi, en 2018, Still Corners revient en force avec le sublime Slow Air, entièrement composé aux États-Unis, un retour aux sources pour Hugues, dans son Texas natal, qui réussit au couple. Un changement de cap salvateur qui monte le propos d’un cran, The Last Exit en témoigne.
The Last Exit aurait du sortir l’année dernière, bien avant le grand confinement mondial, un contretemps qui a permis au duo de revenir sur leur album.
There’s always something at the end of the road and for us it was this album. Our plans were put on hold – an album set for release, tours, video shoots, travel. We’d been touring nonstop for years, but we were forced to pause everything. We thought the album was finished but with the crisis found new inspiration and started writing again.
On était prêts pour la sortie de l’album, et tout ce qui va avec : la tournée, shooter les clips, voyager, et tout ça a été interrompu. Après avoir été en tournée non-stop ces dernières années, nous avons été contraints de tout arrêter. On pensait l’album achevé, mais cette période de crise nous a inspiré, alors on s’est mis à écrire de nouveau.
Tessa Murray
Une pause nécessaire pour Still Corners qui prend le temps de peaufiner ses chansons – il aurait été intéressant de comparer les deux albums, mais je cherche la petite bête – et d’en composer de nouvelles, à l’instar de Crying, Static, Till We Meet Again… une expérience sonore de l’intime et de l’isolement contraint.
Dans ce voyage sensoriel, le premier single, The Last Exit, nous transporte au milieu du grand nulle part, dans le désert infini, lieu de tous les possibles. Le clip, inspiré du film australien Pique-Nique à Hanging Rock tourné en 1975, racontant la disparition de jeunes filles dans un mystérieux lieu de culte aborigène, évoque une fuite en avant provoquée par les tourments de la vie, un désir de disparaitre dans l’éternel.
Une thématique surréaliste habite cet album, brouillant les frontières entre le réel et l’irréel, un espace temps figé dans la grandeur du désert, les mirages de la conscience face à l’horizon. Beaucoup évoque Lynch en parlant de l’ambiance qui se dégage des chansons de Still Corners, ce qui est vrai, mais je rajouterais également une pointe de Wenders à la sauce : un univers cinématographique en pleine expansion et libérateur tant par l’image que par les textures sonores, des touches de guitares rêveuses parfois teintées d’americana, la langueur éthérée de la voix de Tessa, créant un sentiment de plénitude et de joie.
Le nouveau single, White Sands, est une forme de croisement entre la dream pop chère au groupe et les mélodies empreintes de romantisme de Chris Isaak, autre influence notable sur cet album… un trip qui semble faire écho au précédent.
À ce stade, il semble évident que nous sommes en présence d’un grand album, alors je pourrais disserter encore un moment sur les influences, la beauté des arrangements, la douceur de la voix de Tessa Murray, mais le mieux reste encore de vous inviter à partager un bout de route avec Still Corners. Enfilez votre plus beau casque, fermez les yeux et vivez votre voyage hypnotique avec pour seul horizon, l’infini !
Le nouvel album de Still Corners, The Last Exit, est sorti le 22 janvier 2021 chez Wrecking Light Records/Differ-Ant, est c’est sans aucun doute leur meilleur album, à écouter sans aucune modération !
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The Last Exit – Still Corners
Wrecking Light Records / Differ-Ant – 22 janvier 2021
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Image bandeau : Still Corners par Bernard Bur