Amateurs de langues de belle-mère et de cotillons fluos, passez votre chemin. Quiconque a écouté les précédents albums de The Antlers, Hospice en 2009 et Burst apart en 2011, sait que leurs compositions aussi somptueuses que dépressives conviennent mieux à la solitude automnale qu’aux fins de noces trop arrosées. Difficile, dans le genre, de faire beaucoup mieux sans se caricaturer, d’où peut-être l’évolution bienvenue du groupe sur son troisième opus Familiars, qu’on sentait déjà poindre dans certains titres du précédent comme French exit.
Comme après une journée de migraine passée à se morfondre derrière des volets clos, The Antlers ont fini par se lever du lit, entrouvrir les persiennes et enfiler une chemise propre, apportant de la lumière fraîche à leurs compositions. Palace s’ouvre ainsi sur une aube printanière qui évoque Sigur Ros, Hotel étire langoureusement dans un demi-swing entêtant son fantasme d’anonymat libérateur et Parade s’invente une sorte de gospel blanc, tourné vers le ciel et porté par la grande, grande voix de Pete Silberman, petit cousin de Jeff Buckley – plus sobre mais pas moins intense.
Et même lorsque le disque replonge dans le polar feutré (Doppelganger) ou la sieste orageuse (Director), on sent confusément qu’une page s’est tournée et que plus rien ne sera comme avant pour un groupe dont les terreurs désormais familières sont enfin disséquées d’un coeur presque léger.
L’album est en écoute sur Spotify alors jetez une oreille et si l’album vous plait n’hésitez pas à vous le procurer chez votre disquaire.
Je connaissais le groupe indirectement par une collaboration faite l’an passé mais ton papier m’a décidé à approfondir … Le moins que je puisse dire c’est que ce son correspond a ce que j’affectionne de plus en plus. Merci à toi pour ces bons mots.