[dropcap]S[/dropcap]ouvenez-vous : en 2016, en pleine trêve hivernale, arrivait, sans crier gare, un disque qui allait bouleverser certains tops de fin d’année (du moins le mien) : Wintersong de Dakota Suite et Quentin Sirjacq. Arrivé extrêmement tard (16 décembre), dans un format étrange (pas tout à fait un album original, ni une compilation), Wintersong, de par sa beauté blafarde, sa douce mélancolie, allait laisser les quelques auditeurs ayant pris le temps de l’écouter quelque peu pantois et, au final, légèrement anxieux. Anxieux ? Oui, dans le sens où l’on pouvait craindre que ce magnifique coup d’éclat ne soit qu’une collaboration sans suite. Quatre années plus tard, nous voilà rassurés, le duo revient avec, en supplément, un matériau original : onze chansons hivernales, cristallines, ouvragées, légères et baignées de mélancolie.
La conception de cette orfèvrerie musicale s’est faite en 2017, lors de leur tournée commune au Japon. Sirjacq et Hooson se posent trois jours à Yokohama et se mettent au défi d’enregistrer l’instant présent, reflétant à la fois leur personnalité, leur humeur ainsi que leur amour du Japon. En résultent onze morceaux, d’une impressionnante délicatesse, partagés entre instrumentaux, composés (à l’exception de Kintsugi) par Sirjacq, frôlant la dissonance, emplis d’une certaine sérénité et les chansons de Hooson très Slowcore, toutes en tension retenue, ainsi que la reprise crève-cœur de Kathleen Edwards, Away.
Maintenant, ne tournons pas autour du pot : la réussite est plus éclatante encore que Wintersong. Parce que si Wintersong était la réinterprétation, magnifique au passage, de Sirjacq de certains titres du répertoire de Dakota Suite, elle ôtait également une partie de la substance de sa musique, la tension, pour ne conserver que la mélancolie. Ici, The Indestructibility Of The Already Felled va corriger ce qui pouvait apparaître comme le défaut majeur de Wintersong. Certes, il en est la suite logique, mais en réintroduisant les guitares dans l’équation, Hooson va fissurer le silence, mettre en danger certaines chansons (le larsen, présent sur My Thirst For You ou What You Could Not Know par exemple) non pas pour en révéler la beauté, d’une évidence qui s’impose d’elle-même, mais plutôt pour en souligner la fragilité. Il en sera de même pour Sirjacq qui, en introduisant les percussions locales (Matsumushi, Mokusho, Crotale) dans son jeu délicat, apportera une dissonance permettant à sa musique de s’élever vers une sérénité quasi monastique.
À vrai dire, l’élément qui semble faire toute la différence ici, c’est le Japon. Pas seulement d’un point de vue musical (même s’il irrigue tout l’album, pour preuve le magnifique Aiseki), ou culturel (cette sérénité qui vous étreint à chaque nouvelle écoute) mais surtout parce qu’il fait tiers, redéfinissant la relation entre Sirjacq et Hooson. Là où Sirjacq absorbait tout, avec le consentement de Hooson, sur Wintersong, on a cette sensation qu’ici, les rôles sont redéfinis, chacun assimilant et acceptant les différences de l’autre. Il en découle une diversité, des influences qu’on ne percevait pas précédemment. On pensera notamment aux Tindersticks, sur These Night, Red House Painters sur Kintsugi, les Nits de Ting un lendemain de cuite (Silences Are All The Words), sans l’ivresse virtuose des Hollandais donc.
Aussi, c’est dans cet équilibre, ce respect mutuel, que The Indestructibility Of The Already Felled va se distinguer de Wintersong en étant le témoin d’un instant précis, précieux, où deux musiciens, en parfaite osmose, livreront le meilleur d’eux-même pour offrir un disque tout en nuances : doux, tendu, mélancolique, lumineux et au final apaisé. Devant une telle splendeur, qu’importe si l’aventure continue ou non entre ces deux-là, il nous faudra bien quelques mois voire des années pour faire le tour de ces magnifiques silences. Bref, avec The Indestructibility Of The Already Felled, on peut légitimement se dire que la nouvelle décennie commence de façon somptueuse.
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The Indestructibility Of The Already Felled
Dakota Suite et Quentin Sirjacq
Sortie le 31 janvier chez Schole Records
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Image à la une : Dakota Suite-Quentin Sirjacq/2019/Service Presse