[dropcap]Q[/dropcap]ualifié (peut-être un peu trop lapidairement) de formation phare de la scène gothique des années 80, The Sisters Of Mercy menée par son leader charismatique aura façonné la sombre matière sonore avec une brillance pour le moins aussi rugueuse que captivante.
Après avoir réussi ses gammes au travers une flopée de 45 tours et autres EP bien sentis, la troupe venue de Leeds s’essaiera au format long avec l’éclaboussant First and Last and Always. Nous sommes en 1985 et la voix de stentor d’Andrew Eldritch résonne dans les profondeurs insondables, propulsée en cela par la syncope infatigable de Doktor Avalanche (pseudo affublé à la mythique boite à rythmes du groupe). Au début de la décennie qui suivra et après la délivrance de deux autres LP (l’exigeant Flootland puis le moins évident Vision Thing), The Sisters Of Mercy sonnera le glas de son parcours discographique pour se consacrer quasi exclusivement à la scène. La flamme demeure entretenue au gré d’un parcours reconnu par bon nombre d’admirateurs d’un groupe devenu une vive source d’influence pour une nouvelle génération de musiciens vêtus de noir.
Un peu plus de quarante ans après ses premiers frissons, The Sisters Of Mercy voit une partie de son œuvre mise à l’honneur grâce à l’impulsion créative du label Unknown Pleasures Records et plus précisément de son taulier, Pedro Peñas Y Robles. C’est dans le cadre du second volume de la série Honoris (entamée par un premier volet consacré à Death In June) que nous découvrons avec une curiosité mêlée de troubles un recueil dont l’artwork parait aussi pénétrant que son contenu. Il est bien souvent difficile pour un florilège de reprises d’artistes si marqués, de conjurer l’écueil du copier/coller à l’aspartame… Quand ce n’est pas le risque de sombrer dans la livraison frisant l’irrévérence. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le tribute objet de la présente bafouille réussit le pari de conjuguer les talents avec une homogénéité de ton, le tout goupillé par un casting aussi singulier que hautement incisif.
L’ouverture du bal d’obédience batcave s’opère avec la sensation de replonger dans les abîmes d’antan. Notons la présence de Wedding Anniversary qui, pour marquer son retour, nous dépose avec une langueur lourde une vision de Giving Ground extirpée du répertoire de The Sisterhood, side-project insufflé par Andrew Eldritch en personne tel un siamois déroutant. Coup de cœur personnel en direction de Years of Denial avec cette basse totalement vibrante accouplée d’un timbre ici moins grave mais justement plus tranché (Poison Door). Je ne peux occulter du tableau le boss en personne (HIV+) en compagnie de Sébastien Faits Divers pour une relecture obscure de Flood II, ou encore Deathrippers basculant Burn vers des effets électroniques bourrés de battements froids… Dans un mordant emballement, Versari verse un Heartland pesé dans une reliure rendant une fière allégeance au propos… Marian, inusable morceau de bravoure, boosté pour l’occasion grâce à l’ivresse de Selfishadows.
Le reste, je vous laisse le soin de le découvrir. A n’en pas douter, vous irez dans la foulée vous précipiter sur vos vieux vinyles. Finalement, c’est sans nul doute cet appel à la tentation qui initie la pertinence du projet.
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Honoris II, Tribute to The Sisters of Mercy & The Sisterhood
Unknown Pleasures Records – 20 septembre 2021
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Image bandeau : Ruth Polsky