[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]imothé Le Boucher frappe à nouveau un grand coup avec Le patient (Glénat), thriller psychologique formidable et passionnant. Construite dans la lignée de Ces jours qui disparaissent (grand succès critique et public également édité chez Glénat), la bande-dessinée joue avec nos nerfs et nos sentiments, tout autant qu’elle creuse le lien avec la famille et l’idée du temps qui passe. Les scènes y sont réalistes et ancrées dans les années 90, dont on peut remarquer les références en termes de couleurs, de motifs.
Tout commence par une scène des plus dures : le massacre des Corneilles, du nom de cette tuerie qui a endeuillé la famille de Pierre Grimaud, alors âgé de 15 ans. Gravement blessé, c’est l’un des deux rescapés. Retrouvée dans la rue, un couteau ensanglanté à la main, sa sœur se suicidera quelques temps plus tard. Était-ce la coupable ? Le mystérieux inspecteur Henri en charge de l’enquête n’en est pas si sûr. Mais comme il n’a rien d’autre à se mettre sous la dent, il va trépigner pendant 6 longues années, le temps que Pierre sorte du coma et réapprenne progressivement à parler…
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Qu’a-t-il à dire 6 ans après ? Se souvient-il de ce qui s’est réellement passé ? Dans cet hôpital où les médecins et infirmières traînent leur mal être dans de longs couloirs déserts, le jeune garçon désormais âgé de 21 ans est surtout hanté par la présence fantomatique d’un homme en noir qui vient le harceler et le menacer chaque nuit. S’agit-il d’une réminiscence de la nuit du drame ? Personnage central de la BD, la psychologue Anna Kieffer, l’imagine volontiers. Dès lors, elle va s’efforcer de démêler l’écheveau des pensées de Pierre, dont elle découvre la sensibilité, l’intelligence et le charme certain.
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Protocole oblige, le docteur Kieffer, spécialiste des questions de criminologie et des troubles post-traumatiques, s’efforce néanmoins de garder ses distances. En pleine reconstruction, son patient n’en n’a que faire, multipliant les joutes verbales et les métaphores allusives. Une complicité s’installe, potentiellement dangereuse. Ce jeu du chat et de la souris fait au moins passer le temps du rescapé des Corneilles, qui noue par ailleurs une relation amicale avec d’autres jeunes de l’hôpital. Accidentés de la route, victimes du cancer… Tous vivent avec un traumatisme et la peur au ventre. Alors, de temps en temps, ils décompressent et multiplient les conneries. Ce qui ne manque pas de mettre du piment dans une histoire déjà bien corsée…
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Répulsion et fascination, séduction et trahison, suspens grandissant… Le patient concentre tous les ingrédients d’un bon polar tendancieux mâtiné d’une bonne dose de psychologie. Sur le fond, impossible de s’ennuyer. On enchaîne la lecture des pages avec frénésie. Sur la forme, les arrêts sur image du regard de Pierre, tout autant que le découpage bien séquencé des illustrations, donnent à la BD un caractère presque cinématographique. Dans ce contexte, n’hésitez pas à découvrir les affres du Patient et à tisser votre toile au fil des détails que Timothé Boucher se fait un malin plaisir de semer.