[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#7b92d4″]N[/mks_dropcap]ouveau fabuleux album à découvrir.
Une petite fille va naître. Son père l’attend intensément, conquis d’avance. Elle bouleversera sa vie, il en est certain, et ce sera beau. Il lui donnera tout, son amour, son temps, son or, ses livres rares. Elle sera sa princesse. Et ensemble, se nourrissant l’un de l’autre, ils vivront la plus extraordinaire des aventures.
Sous la plume de Marcus Malte, dont on avait tant aimé Le Garçon (chroniqué ici), et les pinceaux de Régis Lejonc se raconte l’histoire de ce père débordant d’amour et de l’enfant à venir tel qu’il l’imagine. Conte de fées des temps modernes, cet album nous enchante par ses mots vibrants et ses illustrations foisonnantes.
« Il sera une fois… », et pour toujours, la plus merveilleuse des princesses. La tendresse et la douceur de son père la protégeront de tous les dangers et de tous les loups. Elle sera toute sa richesse.
Que les mots sont beaux pour parler de cette petite fille. Comme ils s’envolent pour exprimer tout cet amour. Et qu’ils sont grands. Cette intensité pourrait faire peur mais le père de cette histoire n’est ni un ogre ni un gardien de donjon. Son amour n’emprisonnera pas sa petite fille dont on entendra les éclats de rire résonner dans le château.
C’est un royaume sans murs
Mon cœur
Ouvert
C’est un château-fort
Sans guerres
Où les armures
Sont des pyjamas.
L’amour est fort mais se fait aussi caresse, se parant de malice et de fantaisie quand le père parle du mauvais sort qu’il réserverait aux monstres qui pourraient la menacer :
Aux ogres
Je distribuerai des poignées entières
De caramels
Mous
Qui leur colleront aux dents
Et leur barbe
Qu’elle soit bleue ou rousse
Je la peindrai en vert
Comme du gazon
Et je la tondrai
Sans pitié
Tous les dimanches
Les illustrations de Régis Lejonc complètent à merveille le texte et ses envolées. Composées d’éléments à foison, c’est un vrai plaisir de s’y plonger. Mélangeant allègrement les enluminures médiévales, les personnages de contes traditionnels, les figurines japonaises kawaï, les jeux vidéo, s’inspirant du style d’Ivan Bilibine, illustrateur russe du XIXe siècle, Régis Lejonc insuffle à cet album drôlerie et modernité, mettant à mal, et c’est toujours bienvenu, le cliché de la princesse.
Cette petite fille porte certes des robes comme dans les contes mais manie également l’épée ; ce n’est pas elle qui attend le prince charmant mais lui qui doit patienter ; et si le prince monte un cheval blanc, elle, elle préfère un lion majestueux.
Cet album est vraiment beau, juste et touchant. On y voit une petite fille pleine de vie, croquant la joie et attrapant les rêves, s’épanouissant dans l’amour que lui porte son père. Et qui grandit au fil des pages pour devenir une jeune fille qui volera de ses propres ailes.
Marcus Malte confiait dans un entretien qu’il accordait aux Librairies Sorcières qu’il avait conçu cet album pendant l’écriture du Garçon, comme si une pause de douceur lui avait été nécessaire… Et effectivement, entrer dans ce livre c’est s’accorder une parenthèse de bonheur et de tendresse. Plongez-y !!