John Burnside conclut son livre par une demande, un conseil : « Ce livre gagne à être considéré comme un roman ».
Etonnant de tomber là dessus après 300 pages aussi éprouvantes.
Roman, fiction ou réalité, sorte de biographie d’une enfance détruite, après tout peu importe. Laissons John Burnside régler quelques comptes avec l’homme qui l’a engendré et qui lui a rendu la vie si difficile.
Le père du narrateur, John, est un beau parleur, un travailleur, un buveur et un menteur. Sa vie ne lui convenant pas, il en invente une autre qu’il raconte à qui veut bien l’entendre, amis piliers de bar, collègue de travail, son fils, sa fille, sa femme qui, elle, ne l’écoute déjà plus.
John prendra le pli et racontera à son tour des mensonges sur son père, pour l’éloigner et pour vivre. Le pardon ne pourra venir que tard, bien après la mort de ce père incompréhensible, violent et destructeur. Il faudra attendre que John soit père à son tour pour comprendre un peu de cet homme et accepter bribes par bribes ce qu’il a été pour et contre sa famille.
Est-ce un livre cathartique ? Est-ce une ode aux pères qui nous restent après leur mort et malgré leurs manquements ? Le récit d’un survivant aux violences familiales? L’histoire d’un homme qui se construit malgré la destruction autour de lui ? Le conte d’un homme qui rate sa vie, qui se noie dans l’alcool, la cigarette et le travail, qui n’a comme mode d’expression que la violence et le dénigrement ?
Porté par une langue lumineuse (comme à chaque fois chez John Burnside), Un mensonge sur mon père est une lecture troublante, souvent terrible et difficile. Le malaise est palpable, à travers les mots, les mots échangés entre John et son père, les rares tentatives de conciliation, les quelques mots d’affection.
Un livre de John Burnside, un de plus, qui reste en tête et qui après la lecture continue d’obséder.
Un mensonge sur mon père, de John Burnside, traduit par Catherine Richard, paru aux Editions Métailié, janvier 2009