[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]J[/mks_dropcap]e ne suis un grand amateur de nouvelles. J’ai toujours préféré les romans, prendre le temps, une lecture qui dure des jours plutôt que quelques pages.
Je me suis donc lancé dans ce nouvel ouvrage de Brian Evenson à reculons. J’ai eu tort.
Ces nouvelles, parues dans différents magazines, ont quasiment toutes en commun de parler de l’humanité. Alors comme souvent chez Evenson, l’humain n’est pas tout blanc. Bien au contraire. Mais même si les hommes, les femmes doivent se battre pour leur survie, ils le font avec, justement, une certaine humanité. Evenson le souligne très bien, montrant les failles.
La vengeance, si elle se fait jour, arrive comme une chose naturelle. Oeil pour oeil, dent pour dent. Tu m’as fait du mal dans notre adolescence, je te retrouve une fois adulte et je m’occupe de ton cas, presque gentiment.
L’auteur prend un malin plaisir à nous proposer des nouvelles très ancrées dans le réel et d’autres dans le fantastique.
Dans l’espace, un vaisseau en perdition, va bientôt manquer d’oxygène pour ses passagers. Quelle est la solution ? Nous sommes en plein space opera mais un opéra plutôt sanglant et poussiéreux. De trois pages à plusieurs dizaines, les nouvelles d’Evenson se dévorent. Le dénouement n’arrive le plus souvent que dans les dernières lignes voire les derniers mots, provoquant parfois un retournement inattendu.
Dans le réel évoqué plus haut et que propose Evenson, les répétitions des situations loufoques, drôles et inventives font basculer l’intrigue vers un côté étrange, un peu surréaliste qui fait que le lecteur ne sait plus très bien où il est. C’est en cela que ces nouvelles sont passionnantes; elles ne vont jamais là où on les attend. Surprennent toujours et nous laissent admiratif.
Un rapport de Brian Evenson, traduit de l’américain par Sabine Porte, éditions du Cherche Midi, collection Lot 49, janvier 2017