[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]ommencer en littérature sous le patronage de Gabriel Garcia Marquez, on a connu pire ! Socorro Acioli participait à un atelier d’écriture quand elle a été repéré par l’illustre auteur qui l’a encouragée à écrire ce roman. Je dis ce roman mais je devrais plutôt employer le mot « conte ».
En effet Sainte Caboche ressemble à un conte, un peu fantastique, un peu surréaliste, poétique et surtout très près des humains, plein de sensations, de sentiments et d’amour.
Samuel a fait plusieurs promesses à sa mère mourante. Surtout celle de partir à la recherche de son père. Pour cela, il affrontera la faim, marchant pendant seize jours et nuits, seul, en proie au danger.
Arrivé dans le village de son père, il trouve refuge dans une sorte de grotte à la forme de tête : Sainte Caboche !
Quelle est cette drôle de tête ? Pourquoi, une fois, à l’intérieur, Samuel entend-il les voix des femmes faisant des prières ? Quelles sont les motivations de Samuel quand il aide justement ces femmes à trouver l’amour ? Que vient faire sa grand-mère paternelle dans tout cela ?
Autant de questions auxquelles Socorro Acioli répond petit à petit dans ce merveilleux conte.
Osant les allers et retours entre le passé et le présent pour éclairer ce dernier, on apprendra ainsi l’histoire fabuleuse de cette caboche et les raisons de sa présence dans ce petit village.
L’écriture poétique et les questions philosophiques de l’auteure rendent la lecture captivante.
Les dessins, assez simplistes mais plutôt réussis, qui accompagnent le texte, nous plongent dans une ambiance bon enfant malgré le ton dramatique que prend parfois le texte. Notamment sur la place de la religion dans ces régions reculées du Nordeste brésilien.
En ce sens, Socorro Acioli sort quelque peu du « conte » sud-américain (l’influence de Garcia Marquez se fait bien sentir) pour glisser dans son œuvre une dimension sociale sur la ruralité et le sort des campagnes brésiliennes. Tout cet ensemble fait de Sainte Caboche une lecture étonnante, surprenante et captivante. Une très belle réussite.
À noter que pour cette première sortie, Belleville éditions propose une lecture connectée en lien avec le site et avec des mots balises trouvés dans le texte de Socorro Acioli.
Manière de continuer la lecture ou de progresser dans le roman tout en étant curieux. Ces balises nous proposent des photos, des notes, des explications et même de la musique. Belle initiative pour cette nouvelle maison.
Enfin, signalons la magnifique couverture de Fernando Chamarelli dont on retrouve une interview sur le site, décidément très complet, de Belleville éditions.
Sainte Caboche de Socorro Acioli, traduit du portugais (Brésil) par Régis De Sa Moreira, Belleville éditions, mars 2017.
Vous pouvez toujours lire les premiers chapitres de Sainte Caboche sur Addict-Culture en suivant ce lien.