Multi-Love, le troisième album d’Unknown Mortal Orchestra, projet de l’Hawaien Ruban Nielson, est ce que l’on pourrait appeler un disque d’incursions. Là où les 2 précédents albums innovaient dans une veine pop – psychédélique un peu bordélique mais jamais ennuyeuse, très axés sur les qualités guitaristiques de son leader, ce nouvel essai s’aventure sur des territoires disco – funk aux sonorités eighties. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est sacrément inégal.
Incursions, vous disais-je. Chez les Jackson 5 pour un Like Acid Rain qui fait penser à un détournement des choeurs d’ABC, chez Prince pour un Ur Life One Night que l’on croirait sorti des sessions de Sign O’ The Times, chez n’importe quel disque où Nile Rodgers à mis sa patte pour Can’t Keep Checking My Phone. Le disque lorgne aussi du côté R’n’B synthétique telle qu’on nous la servait à la louche à l’apogée de MTV, notamment sur The world Is Crowded. Bref, ça part un peu dans tous les sens sans fil rouge concret, ce qui fait qu’on se perd un peu dans les méandres d’une musique abâtardie sans véritables reliefs.
Heureusement, il y a de bonnes choses qui réhaussent un peu le niveau général de l’ensemble. A commencer par le titre éponyme, dansant et dont la mélodie reste durablement en mémoire, Necessary Evil et son groove chaleureux, Stage Or Screen qui aurait pu figurer sur n’importe lequel des deux précédents albums ou encore le final Puzzles, une des grandes réussites de cet opus.
Au final, on se retrouve avec un disque qui a le cul entre deux chaises. Pas super mais pas dégueulasse, pas passionnant mais pas chiant, singulier mais sans trop de caractère. Le quatrième album sera sans doute déterminant pour la suite, car il faudra choisir……de peut-être ne pas choisir.
Unknown Mortal Orchestra, Multi-Love, le 26 mai sur l’excellent label Jagjaguwar.