[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]Q[/mks_dropcap]uand deux monstres d’intransigeance et de radicalité se rencontrent, le choc peut faire des étincelles sonores surtout quand il s’agit d’Oneida d’un côté et Rhys Chatham de l’autre, pour un album implacable intitulé What’s Your Sign? En ce qui me concerne, la réponse est Poisson, mais dans le cas présent, oubliez le gentil poisson rouge, c’est un piranha, et un gros, qui se présente à nos oreilles.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]C[/mks_dropcap]ommençons les présentations et, à tout seigneur tout honneur, par le vénérable Rhys Chatham, New-Yorkais de 64 ans, aujourd’hui installé en France. Guitariste et trompettiste expérimental et minimaliste, il débute au côté de La Monte Young ou Glenn Gould avant de côtoyer des artistes aussi divers que Charlemagne Palestine, Brian Eno, Glenn Branca ou encore Tony Conrad.
Parmi les pionniers de la no wave, Rhys Chatham dispose d’une discographie pléthorique et passionnante, il est en particulier célèbre pour ses performances qui réunissent le plus de guitaristes possibles, comme sur A Crimson Grail et ses 2 à 400 musiciens.
Pour ceux qui souhaitent découvrir son œuvre, je conseillerais fortement la superbe compilation An Angel Moves Too Fast To See : Selected Works 1971-1989, sortie en 2002 chez le défunt label Table Of The Elements.
Oneida est un de mes groupes préférés depuis quasiment le début de leurs aventures en 1997. Constitué autour du fantastique batteur Kid Million, Oneida vient de Brooklyn et construit depuis vingt ans une œuvre de plus en plus exigeante et impressionnante pour atteindre des sommets sur les immenses disques que peuvent être Rated O ou A List Of The Burning Mountains.
A, l’origine, le groupe, pilier du label Jagjaguwar, donnait plutôt dans un noise rock indépendant et psychédélique, quelque part entre un Yo La Tengo électrique et un Liars radical, pour toute une série d’albums sortie au début des années 2000, d’Anthem Of The Moon à Preteen Weaponry, absolument indispensables pour les amateurs de rouleaux-compresseurs mélodiques.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a première rencontre entre Oneida et Rhys Chatham eut lieu en 2012 à l’Ecstatic Music Festival à New York, mais ce n’est que cette année, sous la houlette de Colin Marston, que ces musiciens, fers de lance de la musique avant-gardiste new-yorkaise décidèrent de laisser trace de leurs échanges en passant par les studios de Menegroth The Thousand Caves.
Rhys Chatham s’interrogeait voire même s’inquiétait de ce que son approche musicale pouvait donner dans l’univers bien plus rock d’Oneida, mais le résultat, court, 6 morceaux en à peine 35 minutes, lève ses inquiétudes tant l’album est d’une richesse et d’une puissance phénoménale, les uns prenant le pas sur l’autre et inversement avec, en point d’orgue, une parfaite harmonie sur le monumental Well Tuned Guitar, clin d’œil appuyé à La Monte Young.
You Get Brighter, le seul morceau non instrumental de What’s Your Sign?, vous saute à la gorge dès l’entame du disque, quand la batterie de Kid Million semble vouloir faire la peau aux guitares de Rhys Chatham, qui prendra sa revanche sur le final Civil Weather, où sa trompette entraîne l’auditeur, déjà bien éprouvé par l’abrasif Bad Brains, dans un maelstrom sonique.
The Mabinogian et A. Philip Randlop At Back Bay Station oscillent entre jazz expérimental et drone, vous submergent et vous transportent dans des contrées rarement explorées, encore faut-il aimer être secoué.
Album libre et aventureux, What’s Your Sign ? est disponible chez Northern Spy Records depuis le 11 novembre.
Le Bandcamp du projet – Le Bandcamp d’Oneida – Le site de Rhys Chatham