[mks_dropcap style= »letter » size= »52″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]E[/mks_dropcap]n musique, comme dans d’autres formes d’expression culturelle, il existe des artistes pour qui la discrétion, voire l’effacement de soi, est un art à part entière. Leur but, non avoué évidemment, est de faire la fierté des chroniqueurs/explorateurs musicaux qui, au détour d’une écoute accidentelle, découvriront une œuvre majeure passée complètement inaperçue. Se bâtira alors, autour de cette œuvre, un culte qui finira soit par acquérir un succès d’estime (Emmanuelle Parrenin, Nick Drake par exemple), soit par toucher le grand public (Rodriguez) ou, dernière hypothèse, la plus terrible, retourner à l’anonymat (Lou Bond).
Le Canadien Barzin fait clairement partie de cette catégorie d’artistes. Les discrets. Le genre à sortir, quasiment tous les trois ans, une merveille de spleen du niveau d’un Red House Painters ou d’un Sophia de Fixed Water et capable d’évoluer vers une musique gracile, presque diaphane tout en conservant la mélancolie inhérente au Slowcore. Le genre à imposer d’emblée une personnalité, toute en subtilité et discrétion, puis à s’effacer, se faire oublier. Et revenir, huit ans après sa dernière intervention, sur la pointe des pieds, comme s’il ne s’était passé que quelques jours. Voyeurs In The Dark, c’est un peu cela.
Un peu, parce que s’il a mis cinq ans à travailler sur son album, le Canadien a également profité des trois années précédentes pour explorer d’autres territoires, notamment les bandes originales (films comme séries). Ce qui fait que si le spleen, la mélancolie restent sa marque de fabrique, l’aspect Slowcore de sa musique s’efface au profit d’une narration étonnante. Onze morceaux composent Voyeurs In The Dark : six compositions chantées (dans lesquelles Barzin, en diversifiant son éventail d’instruments et en conservant sa singularité, s’oriente vers une légèreté dream pop inédite chez lui), quatre interludes (courts moments expérimentaux où il laisse libre court à son penchant pour la dissonance, l’atonalité voire l’ambient et confronte l’organique à la froideur de certaines boucles instrumentales) et un instrumental (sur lequel le Canadien fait le funambule et semble contempler, de loin et de façon apaisée, les tourments qui l’habitent). Il en résulte un disque déroutant, de par sa brièveté, étrange, de par son aspect un peu bricolé, décousu, comme si un amateur s’était retrouvé aux manettes lors du mixage, donnant à Voyeurs In The Dark une forme presque brute. Pour autant, tout au long des écoutes, une fois la structure acceptée, cet aspect brut, rugueux (pour preuve, le cut final d’It’s Never Too Late) va laisser place à une atmosphère douce, cotonneuse, apaisante, presque lumineuse et d’une rare mélancolie (To Be Missed In The End : du Barzin pur jus s’aventurant vers le jazz), illustrant de façon presque parfaite le visuel de son précédent album, To Live ALone In That Long Summer.
En somme, Voyeurs In The Dark est un disque qui prend son temps pour se dévoiler, à l’image de Barzin. Sensible, pudique, un peu maladroit mais qui ne renie en rien la singularité de son auteur, se réinventant de fort belle façon, quitte à laisser quelques fans sur le chemin. Ce qui, vous en conviendrez, arrangera parfaitement le Canadien dans sa quête de l’effacement de soi.
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Voyeurs In The Dark – Barzin
Monotreme – 22 Avril
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