[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]a guerre des charmes aura livré une précédente bataille où j’avoue avoir lamentablement perdu sur l’autel de la tentation (voir mon propos ici-même).
J’ai donc renoncé à toute idée de rébellion, les filles de Los Angeles peuvent triompher, je suis vaincu. Inutile donc d’en faire des tonnes, l’album qui se présente cette année est forcément une nouvelle bombe atomique lâchée dans la mare.
Pourtant, la sortie du troisième album Heads Up mérite que je me penche un peu plus sur la suite donnée au renversant et hypnotique éponyme.
Dès les premiers bruissements de Whiteout, la mise en sourdine semble s’effacer pour être substituée par une grosse production nappée de rythmiques complexes et de voix hautement perchées. La douceur amère n’a point disparu, c’est juste le décor qui a été tempéré dans sa relative dérive soporifique. En 2016, il n’en est rien ou presque…
Pour exemple, By Your Side résonne au travers de fantomatiques ricochets sur lesquels une articulation possédée vient descendre dans la cave. Imprégnation remarquable bien aidée par des secousses que je pourrais qualifier de dubstep stylisé. L’expérimentation converge alors de la délivrance d’essences sensuelles à la livraison d’arômes plus sauvages.
Le virage pris à 180° est flagrant à l’écoute de la pop ultra vitaminée de New Song, morceau bien nommé qui de prime abord m’avait échaudé quant à la tournure des futurs évènements. La révolution dansante est en marche au cœur de cette rupture d’humeur dont la ritournelle épidémique tranche avec un passé bien plus atmosphérique.
Pour autant, notre girl band un chouïa déjanté n’oublie pas les facettes d’une « chialade » empruntée à la new wave émotionnelle pour une ligne conductrice bien sentie sur le terrain de déchirements fracassants et chœurs chétifs qui s’exposent sur des beats effrénés. Le paysage défile avec son lot de nostalgie express ! (The Stall)
C’est donc par le biais d’une schizophrène désintégration constructive que Warpaint explose les pièces sur le planché pour mieux rebâtir une nouvelle mécanique bipolaire. Les mouvements chaloupent sans se louper, rebondissent avec entrain dans une nacelle d’extase électronique qui ne perd pas la sève harmonique qui perdure et fait toujours le charme de nos amazones.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]L[/mks_dropcap]es plages suaves consacrant une ambiance relaxante laissent place dans leurs foulées à des réverbérations sur lesquelles l’enveloppe sonore est plus conséquente. Le revers de la médaille vous allez me dire est que cette synthèse est pourvue de moins de tenue et cohérence sur la longueur des onze titres qui composent Heads Up.
Néanmoins, l’album est une belle réussite de par son audacieuse quête.
Il est ô combien louable de décerner acte à ces femmes d’une démarche exemplaire. Je m’explique… Si l’œuvre découle de colossaux moyens (notamment dans le mixage), ceux-ci ne sont présents que pour se mettre au service du projet artistique. A l’inverse, il eut été fâcheux de sortir de terre un édifice pensé à l’envers, c’est-à-dire un disque où l’étalage de choses n’aurait été que le fruit d’une mégalomanie profonde. Écueil habilement contourné !
Partant de ce constat, nous comprenons mieux le ressenti immédiat sur un titre comme Dre. A l’aune de celui-ci, je peux deviner certaines folies qui flirtent avec les élaborations du génie Son Lux. Le climat est soudain assiégé dans un bain d’éther, les vapeurs deviennent paranoïaques, les claquements, les nappes aux diffusions oniriques administrent une sorte de « dream hip-hop » savoureusement osée.
Le titre qui donne son nom à l’album n’est pas en reste. Un piano au ralenti puis des grincements qui bifurquent illico sur une basse qui roule et balance un tempo entrainant. Le tout s’exécute à la perfection sur des sursauts conférés par une guitare filandreuse, des percussions ultra dynamiques, le doublement des canons pour un résultat piquant.
Au final, ce sont les arpèges soyeux de Today Dear qui achèvent le labeur. Une ballade inspirée (et expirée) pour une fragilité retrouvée. Simplicité déchirante qui contraste avec un ensemble aux échos ensorcelés. Cette fois encore, j’abdique de plaisir sans avoir vraiment combattu.
L’album est disponible depuis le 23 Septembre 2016.
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