[dropcap]D[/dropcap]eux particules formant un tout indivisible, même si elles sont séparées par des années lumières. Les sciences se confondent une nouvelle fois avec les arts et, pour le cas d’espèce, par le biais de la poésie musicale de Catherine Watine, de retour pour le second volet de son audacieuse trilogie. J’avais évoqué ici-même les contours chargés de mystères de ses Géométries Sous Cutanées, œuvre dont l’irréel à fleur de peau m’avait profondément happé.
Avec ce second volet d’une aventure en trois temps, la compositrice déploie un pont entre le réel et le monde du silence, aussi étrange que captivant, aussi opaque que pudique. Cette fois-ci le voyage se fera la tête dans les étoiles, flirtant par moment avec quelques inquiétants trous noirs… à l’image révélatrice de ce buste antique tissant le lien imaginatif déjà égrené par la précédence.
A l’écoute de ce nouveau chapitre, il vous sera possible de retenir le souffle d’Eros & Thanatos morceau d’ouverture qui convoque l’Amour et la mort à l’aide d’effets discrets captés ici et là pour une mise en lumière de l’instrument de prédilection. C’est à nouveau le piano de Watine qui nous hypnotise, la théâtralité exclusivement instrumentale s’affirmant telle une accointance entre les anciens et les modernes. Il est question d’harmonies obsédantes, profondément nourrie de songes tamisés. Je note d’ailleurs sur cette pièce précise le frottement pas si anodin des touches sur le clavier avec, pour ainsi dire, la sensation de humer pleinement les parfums d’une bande venue illustrer une angoisse remplie des échos de la nuit mais qui, finalement, s’avère contenir la parfaite carapace contre les maux en tous genres.
Watine expose ici ses sentiments profonds, ceux qui suggèrent sobrement une intime diffusion. Le chuchotement musical qui nous est offert est en cela des plus émouvants car le reflet béant d’une invitation à tendre l’oreille afin de ressentir pleinement notre propre capacité à sublimer le trouble.
L’élévation, bien que davantage camouflée, engendre une altitude tutoyant l’espace et son infini, subtile vecteur du vertige. C’est le cas de Blurred Shapes dont l’ancrage évoque les ondes nocturnes de pièces classiques. L’assurance est de mise et le fil en arrière-plan réclame sa part d’étrange, puis une glissade vers des vibrations électroniques fines, le tout magnifié par la sagesse d’un murmure à son paroxysme.
La face A tirera sa révérence grâce à la densité plus sombre de l’antinomique The Lighthouse on the Edge, impeccable sollicitation qui nous mène d’une paranoïa aigüe à la force intrinsèque d’une fluidité répétitive. Au final, c’est une obsession pop foncièrement expérimentale qui nous émeut (à l’écoute première, il m’a été impossible de me détacher des propres travaux contemporains de Radiohead). La diffusion s’exprime alors dans un flux et reflux salvateur, du moins pour celles et ceux qui sauront apprécier ce bercement pesé de manière astucieuse et vibrante.
Intrications Quantiques retourné sur la platine laissera place à une multitude de soupirs, une humeur génératrice de suspensions spatiales, une sensation de calme imprégné par les arcanes d’un monologue intérieur ô combien lourd de sens. C’est à présent un livret en retenu, des notes qui s’effacent progressivement pour laisser place à des procédés issus de la scène ambient. Impossible de ne pas y déceler une certaine forme de tristesse non au titre de l’abandon, mais peut-être et surtout, au regard d’un brillant appel à transcender, par quelques soubresauts discrets, une irritation grisâtre.
La progression de l’auditeur pourra alors succomber à ce boléro transfiguré, Watine y joue la partition d’un mouvement accentué d’une divine polyrythmie, Interstellar Un-Ravel déviant ses habiles mouvements vers une résurgente thématique de haut vol. L’œuvre en son entier est de cet acabit : référencé bien que singulière, affriolante bien que discrète, savante bien que touchant en plein cœur… celui de son interprète comme le mien et, à n’en pas douter, bientôt le vôtre. Bref, vivement la sortie de la dernière pièce du puzzle !
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Intrications Quantiques – Watine
CATGANG – 11/09/2020
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Image bandeau : Hervé ALL