Près de 40 ans de carrière, quelques vrais chefs d’oeuvre au compteur, Wire est un groupe à part dans l’histoire du rock à la fois en terme de longévité mais également en termes de qualité et de rigueur. Ils furent d’abord les plus classes, les plus intègres et les plus géniaux des groupes punks en enchaînant de 1977 à 1979 3 bombes intemporelles (Pink Flag, Chairs Missing et 154). S’ensuivirent 8 années de silence pour un retour fin des années 1980 faites de belles choses même si clairement un ton en dessous de leurs insurpassables débuts. Nouvelle pause puis retour dans les années 2000 avec quelques très bons albums (Object 47 et Red Barked Tree) pour aboutir à ce 14ème album, sobrement appelé Wire.
L’énergie du début n’est plus tout à fait là, mais bon, ça peut se comprendre, Colin Newman, Graham Lewis et Robert Grey ont dépassé la soixantaine.
Néanmoins, les papys font de la résistance et reconnaissent eux-même que l’arrivée de Matt Simms, le leader de It Hugs Back à la guitare leur a donné un coup de jeune et puis surtout Colin Newman a toujours le coup de main pour écrire de très bonnes chansons, ce qui fait qu’on tient là encore un excellent album pour les londoniens.
Dès les 1ères secondes de Blogging, on retrouve le Wire qu’on aime, mélodiquement efficace, sombre et entêtant. La voix de Colin Newman n’a pas bougé d’un iota, la rythmique est impeccable, Matt Simms donne élégamment du relief à chaque chanson.
Si l’album commence résolument pop (Shifting ou l’entêtant In Manchester en particulier), le ton se durcit à partir du glacial Sleep-Walking, réminiscence Post-Punk pour finir par le chaotique et superbe Harpooned, les guitares se font abrasives, les samples plus violents jusqu’à disparaitre dans un silence glacial. Parmi les autres très bons morceaux, on citera le bondissant Jous & Jostle ou le post punk Octopus.
Wire, après tant d’années, reste un groupe à part, exigeant, intriguant et incroyablement moderne. Wire, l’album, est disponible sur leur label Pinkflag depuis le 13 avril.