[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#cc2323″]A[/mks_dropcap]près quelques années d’errance solitaire, la horde se regroupe pour reprendre son chemin.
Sept ans séparent en effet Expo 86 de Cry Cry Cry, le nouvel album de Wolf Parade, mais ses deux têtes pensantes, les grands boulimiques Dan Boeckner et Spencer Krug ont tellement multiplié les projets parallèles que leur retour se fait tout naturellement, et nous rappelle comme ce groupe est bon, très bon même.
L’aventure de nos loups commence à Victoria au Canada en avril 2003, lorsque Spencer Krug, alors avec Carey Mercer au sein de Frog Eyes, s’acoquine avec le guitariste Dan Boeckner. Le batteur Arlen Thompson arrive ensuite pour un premier EP, avant que le claviériste Hadji Bakara les rejoigne pour les disques suivants, et en particulier le fabuleux premier LP Apologies To The Queen Mary, sorti en 2005. Arrive ensuite un guitariste et percussionniste supplémentaire en la personne de Dante DeCaro, en provenance de Hot Hot Heat.
At Mount Zoomer suit en 2008, Hadji Bakara abandonne le groupe et ne participe donc pas à l’album suivant, l’excellent Expo 86 en 2010. Le groupe se sépare l’année suivante pour reprendre vie cinq ans plus tard, et l’arrivée de ce nouveau tant attendu disque, Cry Cry Cry, les loups hurlent à la mort pour notre plus grand plaisir.
Entre temps, Spencer Krug nous a ébloui sous le nom de Moonface et ses quelques disques remarquables, comme My Best Human Face ou encore le merveilleux Julia With Blue Jeans On.
Dan Boeckner, quant à lui, fait le joli cœur entre autres projets comme Operators ou Divine Fits, auprès de Alexei Perry au sein d’Handsome Furs, alors que Dante DeCaro a collaboré avec Frog Eyes et sorti l’année dernière un très bon EP Kill Your Boyfriend.
On a encore du mal à mesurer le choc que représente musicalement l’élection de l’ignoble Trump, mais ces larmes, larmes, larmes, dégagent comme un parfum de révolte presque joyeuse devant le triste monde qui s’offre à nous. Pas étonnant donc, que cet album à réaction nous mène au magnifique Valley Boy, dans les traces d’un David Bowie évoquant Leonard Cohen.
Enregistré en compagnie de John Goodmanson (Blonde Redhead, Sleater-Kinney, Bikini Kill…) à Seattle, Cry Cry Cry retrouve le côté épique et tumultueux des débuts, incroyablement bien mené par quatre musiciens au sommet de leur art.
L’album, dès sa parfaite entrée en matière Lazarus Online puis You’re Dreaming, met en parallèle et contraste le talent mélodique de Spencer et son piano magique, et la tension radicale de Dan, comme le mariage réussi de l’eau et du feu. La section rythmique n’est pas en reste et emmène vers les sommets les splendides Baby Blue ou Weaponized.
Émouvant et ambitieux, Cry Cry Cry est un superbe album, à la ferveur émotionnelle remarquable et prouve encore une fois que Wolf Parade, c’est la grande classe, la très grande classe, comme on devrait pouvoir le vérifier au Petit Bain le 17 novembre prochain !
Cry Cry Cry est disponible depuis le 06 octobre chez Sub Pop/PIAS