[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#e055d4″]J'[/mks_dropcap]avoue que, cette fois-ci, je ne savais pas par quel bout commencer, une amorce qui ne vient pas, la vraie panne sèche en plein désert d’inspiration pour introduire un propos concernant un album qui mérite pourtant une attention toute particulière. J’ai été tenté de me lancer dans une diatribe à l’encontre de l’appellation « world music » tant il est vrai que cette classification grotesque perd illico de sa pertinence si l’on imagine trente secondes un Touareg appréhendant le folklore bigouden. Heureusement, avec Zalfa, la délivrance multiculturelle parait la plus naturelle possible et ce catalogue-là n’est pas un argument pointé.
Quoi qu’il en soit, il s’en est fallu de peu pour que je jette l’éponge avant le gong du premier round (mal)mené par l’artiste franco-syrienne, secoué que j’étais en mes co(r)des par les flottements moyen-orientaux et pop de Ma Sar. Pas que le morceau puisse être hautement critiquable, disons que je le range volontiers sur la pile des introductions peu appropriées, à mon sens, pour charmer l’auditoire en direction du climat plus mystérieux et aérien qui va suivre.
J’allais justement vous vanter la belle série rachetée dès la piste 2 intitulée Law Ma : les pulsations minimales viennent se confronter pacifiquement à quelques fins arpèges mais c’est surtout une voix des plus attendrissantes qui vient accrocher l’oreille. Les mélodies sont rêveuses et le sursaut d’amour à présent au beau fixe si j’en juge à la lecture de mon baromètre sensoriel.
Avec ce premier album Fi Dam, c’est un va-et-vient incessant entre l’anglais et l’arabe, entre le monde des rêves et celui d’une modernité sans borne, une véritable personnalisation des espaces grâce à la jointure des éléments intégrés au tableau. Ainsi, nous pourrons flirter sur une marche saccadée, pour un cheminement assumé et boosté par quelques accords synthétiques rutilants. Le bel éventail viendra nous conduire sur la piste de danses hybrides et syncopées, d’autres ondulations entraînantes permettant de faire monter le mercure malgré une sensation de fraîcheur salvatrice qui prendra petit à petit ses aises sur la seconde partie de l’œuvre. Les douces caresses basculent alors dans une transe électronique d’abord légère puis soutenue (et inversement, jusqu’à plus soif).
On notera l’apport indéniable de Marc Codsi, producteur et compagnon de route de la conteuse, également comédienne à ses heures perdues. Le résultat de leur duo est sans appel, c’est un vrai plaisir qui, par séquences, parvient à bouleverser la donne. J’en veux pour illustration les échos éthérés d’Interlude qui, contrairement à ce que son appellation pouvait présumer, ose les développements de scintillements sublimes, en prouesses qui chutent instantanément histoire de déclencher le vertige.
De manière encore plus frappante, c’est Lovelier Girls (un clin d’œil vers Beach House ?) qui s’expose et fait la nique aux pâles braconniers du genre. Il y chez Zalfa cette structure progressive sur lequel glisse un chant magnifié par des effets pénétrants, pour un rendu imprégné de jouissances gracieuses. A bord de cette échappée soyeuse, qu’il est bon de voguer !
Réalisé à Beyrouth en plein été 2017, Fi Dam est à présent sur nos côtes.
Zalfa – Fi Dam
disponible depuis le 17 mai 2019 chez We Are Unique Records
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