[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]B[/mks_dropcap]londe Redhead vient de sortir un nouvel EP, et c’est une nouvelle qui, ici, nous emplit de joie. Je ne peux vous cacher que chez Addict-Culture, nous sommes, tous âges confondus, des fanatiques du groupe italo-japonais, en témoignent les nombreuses chroniques déjà réalisées à leur propos. Pourquoi un tel engouement de notre part, me demanderez-vous ? Et bien, je pense que la principale explication est le fait que, malgré chaque style musical abordé (toujours avec brio), du noise à la pop, leur empreinte reste unique. Et ça c’est prodigieux.
En plus de la lecture attentive des articles écrits par mes chers collègues, je me suis également replongée dans toute la discographie du trio avant de me consacrer à 3 O’Clock et d’entamer ces mots. Parce que Blonde Redhead mérite de nombreuses écoutes, parce que leur musique est tellement complexe qu’à chaque fois, on lui découvre une nouvelle facette. En toute honnêteté, je commence à réellement apprécier le groupe à partir de leur cinquième album, Melody of Certain Damaged Lemons. Un côté plus pop et mélodique se dessine, s’éloignant du noisy et rappelant les années 70/80, la voix légèrement chuchotante de Kazu Makino évoquant parfois même l’icône anglaise Jane Birkin (BR a été très influencé par Gainsbourg.) Ils mettront quatre ans avant de sortir le suivant, leur chef-d’œuvre, par lequel je les découvris : Misery is a Butterfly.
Quelle claque je pris en écoutant l’album acheté par hasard, parce-que la couverture me plaisait (et que quelques jours plus tard, je trouvai encore, par hasard, enfoui dans la cdthèque familiale …) Le coup de foudre n’est-il pas une histoire de hasard ?
Bref, c’est accompagnée de mes deux exemplaires que je partis à la conquête des autres albums, curieuse de pénétrer le monde magique de, ce qui indubitablement demeure pour moi, l’un des meilleurs groupes existants.
23, sorti en 2007, est souvent qualifié de dream pop. Il poursuit en tout cas le tournent opéré trois ans plus tôt avec Misery is a Butterfly et ses orchestrations pop baroques. Puis arrive l’éthéré Penny Sparkle, aux sons plus électroniques, et dont le minimalisme se retrouvera dans leur dernier album Barragán.
[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]T[/mks_dropcap]out comme l’Heure bleue est le moment où les parfums et les chants – des oiseaux – explosent, 3 O’Clock est un condensé admirable de ces différentes évolutions, lorgnant vers leur période dite baroque. L’ EP commence avec le morceau éponyme dont l’intro rappelle celle de Misery is a Butterfly. La voix de Kazu vient se poser sur ces sons funambulesques, puis la batterie entame sa danse. Arrivent des cordes, et des cuivres. Une envolée somptueusement orchestrée vous prend à la gorge, magnifiée par deux voix répétant comme une berceuse un ouhouhou plein de délicatesse. Golden Light poursuit cette sublime entrée en matière avec 6’43 de pur enchantement, durant lesquelles des cordes, gracieusement dérangées par des sons dissonants, offrent une dimension classique au morceau (le classique étant d’ailleurs une autre influence forte des trois compères.)
C’est ensuite la voix d’Amedeo Pace qui entre en scène avec les deux Where Your Mind Wants to Go et Give Give.
« If you had an hour
Would you find a flower
Or a fruit that’s sour?
If you had an hour […] »
Tels sont les premiers mots du merveilleux Where Your Mind Wants to Go, dont la mélodie jouée par la guitare électrique et les cuivres peut rappeler le Nude de Radiohead et ses élans vaporeux.
Give Give vient clore le tout avec une élégance folle. Cordes (toujours), cuivres (encore), ces derniers sont même accompagnés par une flûte (traversière ?), l’ensemble recréant une petite symphonie proche d’une œuvre de Michel Legrand. Une note lancinante et quelques sons très science-fiction terminent 3 O’Clock, promesse d’un dixième album de toute beauté (sortie prévue pour Avril 2018.)