[mks_dropcap style= »letter » size= »85″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]À[/mks_dropcap] la fois animateur de radio, D.J. ou journaliste, John Peel aura eu un rôle majeur sur sur la scène musicale indie durant plusieurs décennies avant de nous quitter brutalement le 25 octobre 2004 d’un arrêt cardiaque.
Né à Heswall dans le Cheshire, le 30 août 1939, John Robert Parker Ravenscroft se fait très vite remarquer pour son anticonformisme. Fils d’un négociant en coton appartenant à la classe moyenne supérieure, il intègre le pensionnat d’une école prestigieuse à 13 ans. Il devient à cette époque fan du Liverpool FC, club supporté par la classe ouvrière, ce qui était incongru pour un garçon bien éduqué de l’époque. Élève timide et silencieux, le jeune adolescent préfère déjà les disques vinyles sur lesquels il écrit abondamment aux parties de rugby, encouragé par le révérend Brooke qui notera dans un rapport scolaire son enthousiasme pour des disques insaisissables et son plaisir d’écrire des essais longs et facétieux. Peel dira d’ailleurs de lui que c’est le plus grand homme qu’il ait rencontré.
À 18 ans, le mélomane doit quitter l’internat pour son service militaire. Fidèle à son caractère rebelle, il se fait remarquer par ses supérieurs pour son incapacité à s’adapter à la vie de l’armée, ce qu’il considèrera comme un compliment après coup.
Sitôt son service militaire bouclé en 1960, John Peel saute dans le premier avion, pour les États-Unis. Le rock’n’roll bouleverse alors le monde entier et fait danser la jeunesse née après-guerre. John Peel veut évidemment en savoir plus sur ce nouveau courant musical et va pour cela à Dallas au Texas, faisant croire à sa famille qu’il désire en apprendre davantage sur les filatures de coton. Il se fait embaucher dans ce secteur et y travaille durant près d’une année. Mais l’attrait pour la musique est le plus fort et il devient très vite présentateur radio à Dallas.
À cette époque, la Beatlemania s’empare de l’Amérique et fera passer le tout jeune animateur britannique pour un expert du sujet alors qu’il ne les connait pas vraiment. Pour la petite histoire, il est, à cette époque, aux premières loges de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy en 1963 et se fait passer le soir-même pour un journaliste du Liverpool Echo afin d’assister à la conférence de presse qui accuse Lee Harvey Oswald (on le voit apparaître sur les images tournées alors).
Il s’installe ensuite en Californie pour poursuivre ses émissions de radio et se marie avec Shirley Anne Milburn dont il divorcera en 1971.
En 1967, John Peel rentre au Royaume-Uni. La trop sage BBC ne diffusant pas les morceaux rock de la jeunesse, il se fait embaucher à bord de la station pirate Radio London à partir du mois du mars et adopte définitivement son nom, Peel. La légende est née. Son émission nocturne The Perfumed Garden connait immédiatement un franc succès.
Suite à la fermeture de Radio London durant l’été, John Peel rejoint l’équipe de la station pop de la BBC, Radio 1 qui doit commencer à émettre le mois suivant. Il anime l’émission Top Gear et impose ses goûts éclectiques et avant-gardistes en véritable défricheur de nouveautés. Il crée alors ses fameuses Peel Sessions, où viennent jouer notamment David Bowie et Pink Floyd la première année.
Peel restera sur Radio 1 pendant 37 ans jusqu’à sa mort en 2004. Il enregistrera presque 4000 Peel Sessions où viendront jouer près de 2000 artistes différents dont beaucoup peuvent lui être redevables de leur carrière comme The Fall qui viendra jouer pas moins de 24 fois.
Sur sa tombe figure l’épitaphe suivante : « Teenage dreams so hard to beat« , une des phrases de la chanson Teenage Kicks du groupe Undertones, chansons qu’il considérait comme la meilleure de tous les temps.
Depuis sa disparition, la flamme pour cet infatigable et boulimique diffuseur de musique ne s’est pas éteinte. Ses passionnantes Peel Sessions ne s’échangent certes plus sous le manteau via des cassettes pirates, mais continuent de s’écouter religieusement sur le web. Un site très fourni lui est même consacré.
La légende est loin d’être remisée à l’oubli et cela ne peut que nous réjouir.