[mks_dropcap style= »letter » size= »75″ bg_color= »#ffffff » txt_color= »#000000″]I[/mks_dropcap]l nous avait cueilli par surprise en 1995 avec son titre minimaliste reggae Ondulé, au surprenant et mémorable clip en happening. Le tout jeune Mathieu Boogaerts, alors âgé de 25 ans, surgissait sans crier gare et de nulle part sur la scène musicale française, imposant son univers bien personnel, aux influences revendiquées et partagées entre Dick Annegarn, la musique africaine, Alain Souchon et Bob Marley. Le succès du titre aidant, il signe l’année suivante son premier album intitulé Super, salué alors par la critique. On pensait l’ovni de la chanson française bien parti pour se faire une place au sein de la chanson française.
Quelques albums plus tard, la trentaine passée, après avoir été lâché par sa première maison de disques en 2002, puis l’échec relatif de son album 2000 en qui l’artiste avait mis toute sa foi pour que le succès soit au rendez-vous, notre Pierrot lunaire fait plutôt la grise mine. Il songe à jeter l’éponge comme en témoigne son journal de bord filmé durant l’écriture, l’enregistrement et le mixage de son album à venir, Michel.
À croire que le doute et les affres du temps qui passe sont un profond tremplin pour l’imagination et la création, car jamais sans doute l’artiste n’aura livré un disque aussi inspiré et cohérent avant celui-ci. Le ton est donné dès la pochette dont le portrait signé Paolo Roversi augure d’un Boogaerts qui se met à nu en toute simplicité, avec ce regard à la fois mélancolique et délicat.
L’écoute confirme ce pressentiment. On se laisse embarquer pour 36 minutes de musique décrivant les vagues à l’âme d’un homme face à l’amour qui ne dure pas et l’instabilité des choses. Des textes qui en disent à la fois beaucoup mais pas suffisamment pour que l’on sombre dans le journal intime nombriliste et outrancier. Ouf !
Mathieu Boogaerts, sur les douze titres de Michel, démontre ses talents de subtil coloriste dans l’écriture et compose sa musique dans le même esprit. Pas d’arrangements pompeux ou de fioritures inutiles ici. L’artiste a ciselé seul les bossas ou reggaes qui constituent l’album dans lequel il y joue de tous les instruments, même si Albin de la Simone et Fabrice Moreau viennent lui prêter main forte respectivement aux claviers et à la batterie sur quelques titres.
Michel, le prénom préféré de l’artiste, double ou confident de Mathieu Boogaerts, est un disque simple mais précieux, un album qu’on peut réécouter inlassablement, toujours saisi par la délicatesse des arrangements et la subtilité de ses paroles. Une perle rare !
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Merci merci
Merci Lilue