Lundi 8 février, rendez-vous était pris avec Pierric Bailly aux alentours de la Gare du Nord. J’y ai rencontré un homme timide n’ayant pas toujours l’air de comprendre que ses romans suscitent un tel intérêt, qu’on veuille le rencontrer, le faire parler. Les héros de ses trois romans paraissant être des extrapolations de l’auteur, nous ne pouvons nous empêcher alors de donner ses traits à Lionel, Luc et Simon. Trois garçons en marge, trois anti-héros qui paraissent subir les événements mais dont la force est le sens de l’observation et la compréhension des mondes qui les entourent. Nous avions auparavant échangé par mail et une bonne partie de l’échange qui va suivre a été faite par écrit, à part quelques ajouts issus de notre rencontre.
J’aimerais savoir les premiers moteurs de l’écriture, tu avais 26 ans lorsque Polichinelle a paru, depuis combien de temps écrivais-tu et est-ce le premier texte que tu aies terminé ou bien y’en a-t-il eu avant qui sont restés au fond d’un tiroir ?
Le vrai moteur, ça a été la fuite du système scolaire. J’ai quitté mon Jura natal à 18 ans pour Montpellier, où je m’étais inscrit en fac d’Arts du spectacle, mais j’ai très vite compris que je n’étais pas fait pour le monde étudiant. C’est sans doute mon caractère un peu asocial, mon goût pour l’indépendance qui ont fait que j’ai commencé à écrire. Pendant deux ans, pour supporter la fréquentation des amphis, j’ai amassé des tas de notes sur ce que j’observais autour de moi. Puis à 20 ans j’ai laissé tomber la fac, et je suis rentré vivre dans le Jura, pour travailler en intérim. J’ai mis de côté ces notes prises à Montpellier, dont je me suis servi plus tard pour mon deuxième livre. Dans le Jura, j’ai continué à écrire, cette fois à partir de ce que je vivais au contact de mes deux petites sœurs et de leurs amis, et au bout de plusieurs années ça a fini par donner Polichinelle.
Il est beaucoup question de pop culture dans tes livres (chanteurs, acteurs…) mais finalement assez peu de livres, d’écrivains. Quelles sont tes lectures ?
N’ayant aucune formation dans le domaine, j’ai commencé à écrire en étant vierge de toute idée sur la littérature. Je ne savais même pas ce qu’était un roman, une intrigue, un personnage, etc. Par contre, ce qui s’est imposé assez vite en écrivant, c’est la question du style. On peut appeler ça comme on veut, le travail de la langue, la voix, peu importe, c’est ce qui m’intéressait. Pas du tout par conviction intellectuelle, mais simplement parce que ma sensibilité était là. D’ailleurs, à cette époque, et encore jusqu’à très récemment, je ne comprenais jamais rien aux histoires des livres que je lisais et des films que je voyais, seuls m’importaient la forme, l’image, le rythme, la matière. J’exagère à peine quand je dis que je ne comprenais rien. Je saisissais bien sûr quelques grands axes narratifs, mais j’étais incapable de me passionner pour une intrigue. Donc mes lectures allaient dans ce sens-là, des textes qui se démarquent par la puissance de leur écriture, et il se trouve ça a été surtout des auteurs américains.
Tout a commencé par Postier de Charles Bukowski que j’ai découvert chez mon père, ensuite sont venus Hubert Selby Jr, William S. Burroughs, Jack Kerouac, Hunter S. Thompson, John Fante. Bien sûr, les thèmes de ces romans me parlaient, mais je ne cherchais pas une histoire, je me contentais de baigner dans un monde, une atmosphère, de fréquenter des caractères. Forcément, en écrivant, j’essayais d’aller dans cette direction. Je m’y abandonnais en toute innocence. Dans le Jura, pour Polichinelle, je passais des soirées à remplir des pages et des pages de joutes verbales maladroites, de dialogues inintéressants, et au bout de quelques mois je suis arrivé à un texte de près de 1500 pages. Je ne me rendais même pas compte que c’était illisible. Il m’a fallu du temps pour le comprendre. Peu à peu, en reprenant ce gros machin qui partait dans tous les sens, j’ai tranché, j’ai dégrossi à la hache, et je suis passé de 1500 pages à 900, puis de 900 à 400, puis de 400 à 250. Là j’ai senti que ça tenait à peu près la route. Je rentre peut-être trop dans les détails, mais c’est pour dire que mon rapport à l’écriture n’est pas tant difficile que bordélique et naïf. Au départ il y a un travail totalement désordonné, une grande dose d’inconscience, une énergie un peu folle, peut-être un peu idiote aussi, et dans un second temps il y a un certain acharnement pour donner une forme présentable à ce qui est sorti de cette première phase.
Au-delà de leur travail sur la langue et la puissance de l’écriture, la plupart des auteurs que tu cites ont mis en scène leurs vies, en se planquant derrière leurs personnages et le leur faisant vivre autant leurs fantasmes que leurs misères, ce que tu sembles faire dans tes romans.
C’est juste, et le lien entre une approche plus ou moins autobiographique et le travail de l’écriture me semble assez évident. Du moment où l’on s’engage dans l’écriture, avec un souci formel, esthétique, je crois que l’on va naturellement puiser dans sa vie, ou en tout cas dans des choses qui nous parlent de près. Il faut que l’enjeu soit de l’ordre de la nécessité, sinon on ne s’y consacre pas sérieusement. En tout cas c’est ma façon de procéder. Je ne serais pas capable de m’emparer d’un sujet totalement extérieur à moi et de m’y consacrer avec la sincérité nécessaire.
Chacun de tes livres est ancré dans un genre différent, avec toujours un pas de côté, un décalage, presque surréaliste. Polichinelle est, en apparence, un récit sur la jeunesse et l’adolescence mais il y a ce grain de sable un peu fou qui donne à tes personnages des airs de marionnettes, de polichinelles, à la plastique cartoon, aux corps malléables. Michael Jackson est trois fois l’histoire d’amour entre Luc et Maud, à trois âges différents, comme un agencement d’univers parallèles, de possibilités. Enfin, dans L’Étoile du Hautacam, en apparence moins ancré dans la réalité car il emprunte clairement aux codes du fantastique et de la science-fiction, tu parviens à faire douter le lecteur sur l’endroit où il a mis les pieds.
Y’a-t-il une volonté de mettre le lecteur dans une situation d’inconfort, de jouer avec les codes, de donner quelques coups de pied au genre et faire des pieds de nez aux schémas romanesques établis ?
Au départ, il y a juste l’envie de faire un livre à partir de quelques éléments, de ressentis, d’émotions, mais je n’ai jamais eu le projet de détourner les codes de quoi que ce soit. Comme je te l’ai expliqué avec l’expérience de mon premier livre, je me débrouille comme je peux, je me dépatouille avec mon bordel personnel, je fais avec mon petit chaos intime. C’est un cliché de discours d’écrivain, mais je crois vraiment qu’on ne fait pas de bons livres avec des intentions, avec la volonté de dire des choses, d’illustrer une idée.
Mon deuxième livre, je l’ai écrit dans la continuité du premier, et même si le registre de langue n’est pas le même (il correspond à l’univers du roman), j’étais dans une énergie assez similaire. Le troisième, L’Étoile du Hautacam, c’est tout à fait différent. C’est le livre de la découverte des histoires. C’est la révélation de ces dernières années pour moi : un livre peut servir à raconter une histoire. Sa conception a été tout aussi laborieuse que les précédents, mais j’étais animé par des préoccupations très différentes. J’ai essayé de fabriquer des personnages, d’imaginer une intrigue et de la parsemer de rebondissements et de mystères. Mon idée était d’aller dans le sens d’une forme plus populaire, plus accessible que les précédents. Tu vas trouver ça complètement con, mais au départ de ce projet il y avait l’envie de faire plaisir à mon entourage, qui n’est pas du tout littéraire et n’a pas toujours compris l’enthousiasme suscité par mes deux premiers romans. Quand mes proches me parlaient de mes livres, il y avait souvent l’idée que leur petit succès était un coup de chance. Alors j’ai essayé de faire un livre léger et romanesque pour apparaitre plus crédible et légitime à leurs yeux. Le problème, c’est que je ne sais pas faire simple. Je m’embarque dans des trucs pas possibles, je n’hésite pas à jeter et trancher et recommencer plusieurs fois, et au bout du compte ça donne ce résultat un peu bizarre et tarabiscoté. J’ai un peu honte de te dire tout ça, je préférerais faire mon malin en te faisant croire que mon grand projet est de dynamiter les codes du roman classique et de tordre les règles de la narration, mais parfois la réalité est moins brillante qu’elle en a l’air…
Tu es publié chez P.O.L, un éditeur qui publie des textes en décalage avec le roman traditionnel, qui a dans son catalogue des auteurs qui expérimentent beaucoup (Olivier Cadiot, Pierre Patrolin, Pierre Alferi…), comment te sens-tu dans ce catalogue ?
Quelle relation entretiens-tu avec ton éditeur ?
Y a-t-il des auteurs de la maison avec lesquels tu as noué des liens ?
Comme tu le dis, le catalogue P.O.L est riche d’auteurs très singuliers, qu’on pourrait qualifier de marginaux. On en revient à cette question des livres à personnalité plutôt que des livres à histoire. C’est précisément ce qui fait la caractéristique de ce catalogue, P.O.L publie des textes vivants, des textes étranges, des textes de cinglés, et même si c’est très intimidant pour moi, je me sens bien à leur côté.
J’y ai fait quelques belles rencontres, avec des auteurs comme Nicolas Bouyssi, Fred Léal, Dominique Meens, Olivier Bouillère, Nina Yargekov, qui sont tous à leur manière des éclopés, des originaux, à l’image de leurs textes, et c’est pour ça que je les aime. C’est d’ailleurs assez beau de se dire que l’on est tous réunis par la curiosité d’une seule et même personne. Paul Otchakovsky-Laurens est un homme d’une grande élégance, d’une grande finesse. J’ai toujours du mal à réaliser qu’il me connait, qu’il s’arrêterait pour me dire bonjour si je le croisais dans la rue, ça me paraît totalement irréel. Pourtant c’est quelqu’un de très simple, il a une sorte de prestance naturelle qui rend les échanges avec lui très agréable. Et P.O.L, c’est aussi une équipe, et là encore ce sont tous des gens que j’apprécie énormément pour leur simplicité et leurs qualités humaines.
Y’a-t-il eu un gros travail d’éditing sur les textes ?
Pour les deux premiers romans, non, ils ont été publiés quasi tels quels. En revanche, il existe plusieurs versions de L’Étoile du Hautacam. L’une d’entre elles, beaucoup plus longue que la version finale, était vraiment problématique, et plus que d’un travail d’editing, je dirais que j’ai bénéficié d’un travail d’accompagnement de la part de P.O.L. C’est une période durant laquelle il s’est montré très disponible pour moi, je lui écrivais des mails, on s’appelait, et j’ai peu à peu compris ce qui ne fonctionnait pas dans le texte. C’est une manière de faire qui me convient très bien, que je trouve très intelligente en soi. Sur Michael Jackson s’est posée la question du titre, puisque je l’avais trouvé avant la mort du chanteur. Je ne voulais pas que ce choix paraisse opportuniste, alors j’ai demandé à P.O.L ce qu’il en pensait, et nous avons décidé de le garder.
La notion de territoire (parfois même de terroir) est très présente dans tes romans, le Jura et Lons-le-Saunier dans Polichinelle, Montpellier dans Michael Jackson (dans ces deux premiers, le territoire est très implanté, le décor est « planté »), dans L’Étoile du Hautacam, le territoire perd son ancrage, un village de Moselle se retrouve perché en Hautes-Pyrénées. Que te disent ces territoires ?
Comment « plantes »-tu le décor ?
C’est la première fois, dans L’Étoile du Hautacam, qu’il est question de Paris, et surtout de sa banlieue, mais elle est présente surtout pour que son personnage la laisse derrière lui. Je suis de ceux qui pensent qu’il y a trop de Paris dans la littérature française, est-ce que tu en fais volontairement un endroit à éviter dans tes livres ?
J’ai écrit mes deux premiers livres à partir d’endroits où j’ai vécu. Dans Polichinelle, j’ai évoqué des coins que je connais tellement bien que je me suis autorisé à remanier un peu l’organisation du territoire, je n’ai pas cherché l’exactitude mais simplement à traduire la puissance du cadre et son influence sur les gens qui l’habitent. Dans L’Étoile du Hautacam, j’ai situé l’action dans des endroits que je ne connais pas. Au départ j’ai donc eu besoin de faire quelques recherches, comme on dit. Mais ensuite j’ai repris mes libertés par rapport à la réalité de façon encore plus évidente, puisque je me suis amusé à déplacer concrètement un village dans l’espace. Cette idée vient peut-être illustrer un sujet qui m’est assez cher, la transformation de la vie en milieu rural. La vie dans les villages après la coupure paysanne, l’exode rural, et à l’ère d’internet. Comment la vie dans les villages évolue. On n’est plus coupés du monde comme avant. On peut y avoir les mêmes préoccupations, les mêmes références, les mêmes rêves qu’un habitant d’une mégapole. On vit dans son patelin ébloui par la lumière des plages californiennes et de la silicone valley. Concernant Paris, je crois en effet que ça ne me viendrait pas à l’idée d’y situer un roman. Je ne sais pas s’il y a trop de Paris dans la littérature française, le problème est peut-être qu’il n’y a pas assez d’ailleurs.
Il y a beaucoup de dialogues dans tes livres, et on a presque l’impression que ce sont d’avantage les dialogues que la narration qui articulent les histoires, ils sont chaque fois percutants, rythmés, musicaux, presque composés de « punchlines » bien senties. Est-ce que tu répètes tes dialogues, à voix haute, pour les entendre ?
Ont-ils pour toi autant d’importance que je souhaite leur en donner ?
Encore plus que les dialogues, c’est peut-être l’oralité qui m’intéresse. Chez beaucoup d’écrivains que j’aime, il y a ce travail à partir du parler populaire, d’une matière à priori relâchée, triviale, parfois vulgaire, argotique. C’est d’ailleurs une tradition littéraire tout à fait établie. Je ne vais pas jusqu’à répéter mes dialogues à voix haute, mais il m’arrive de marmonner en écrivant ou en me relisant, et lors d’un passage dialogué, le marmonnement devient toujours plus expressif et emporté.
Dans L’Étoile du Hautacam, tu opères deux grands changements par rapport aux précédents : tout d’abord ton héros est plus « vieux » : Simon est quarantenaire et on va le voir vieillir. Et, surtout, le livre est moins léger, moins drôle, il démarre sur un deuil et aura des allures de fin du monde, d’inéluctable désillusion, alors qu’il se déroule dans un décor « strass et paillettes ». Y’avait-il une volonté de faire un livre plus « sérieux » ou plus « grave » ?
C’est vrai que j’ai voulu changer beaucoup de choses après mon deuxième livre. Il y avait donc l’idée de plaire à mes proches. Il y avait aussi la peur de me répéter, ou de m’enfermer dans le registre du roman social, qui parle de la jeunesse d’aujourd’hui. Alors je me suis imposé toute une série de contraintes : pas de personnages adolescents, pas de pornographie, pas de références branchées, etc. J’ai appréhendé ce projet un peu comme un exercice. Ces quelques années à travailler sur ce livre ont été assez formatrices, je me suis confronté à tout un tas de questions que je ne m’étais jamais posées auparavant, j’ai pris du recul sur mes deux premiers livres, mon parcours, mes goûts, mon engagement dans l’écriture. J’ai parfois renié des choses qui sont pourtant fondamentales pour moi, j’ai exploré des territoires qui ne me ressemblent pas vraiment (la SF, le fantastique, le manga), je me suis peut-être un peu égaré, mais cela m’a permis de mieux me situer. Aujourd’hui, j’ai l’impression de retomber sur mes pattes, et j’ai l’intention de revenir à des textes moins fabriqués, plus personnels et plus littéraires. Pour le côté sérieux ou grave, j’imagine que c’est une conséquence du fait de prendre de l’âge. Il y a évidemment quelque-chose d’un peu désespéré dans la trajectoire du récit et de son héros. Tout fout le camp, tout se détraque puis se réduit en poussière. Simon finit totalement seul, comme sur une île déserte, laquelle, peu à peu, s’effrite et se désagrège. La légèreté est sans doute un des sujets du livre, c’est une légèreté qui n’est ni joyeuse, ni créatrice, mais plutôt destructrice. Comme une société qui à force de tout désincarner, finirait par échapper aux lois de la gravité (aux deux sens du terme, bien sûr). Un monde devenu tellement frivole que ce n’est plus de l’oxygène mais de l’hélium qui emplirait les poumons de ses habitants. Un monde de baudruches, en somme.
Au début de notre entretien, tu parlais de la période où tu as été intérimaire. Simon, en arrivant au village perché dans les nuages, cherche un boulot pour ne pas rester oisif et faire rentrer un peu d’argent. Il devient balayeur par intérim et cette occupation l’enchante. Quel est ton rapport à l’intérim ?
Es-tu encore intérimaire ?
J’ai été balayeur pendant six mois, lorsque je suis rentré dans le Jura après mes deux années à Montpellier. Je croisais mes anciens profs du lycée qui partaient travailler, et qui devaient se dire que j’étais tombé bien bas. J’ai beaucoup aimé cette période où j’étais dehors de 5h du matin à midi, profitant d’une certaine solitude. J’ai bien conscience de l’image qu’a ce métier, mais je ne l’ai jamais vécu comme quelque-chose de dégradant. Au contraire, c’était presque la planque, j’avais tous mes après-midis de libre, je travaillais tout seul une bonne partie de la matinée, sans un petit chef sur le dos. Je préférais ça à l’usine, où j’ai aussi beaucoup travaillé. Dans tous les cas, j’essayais de prendre au sérieux ce que j’avais à faire, de m’y investir au premier degré, sans ça on devient fou dans ce genre de boulot. S’y on n’y croit pas un minimum, on se barre au bout de cinq minutes. D’ailleurs, j’y pense, le personnage de Jeannot, dans L’Étoile du Hautacam, existe vraiment, et j’ai fini par oublier son origine en écrivant le roman. Je l’ai croisé récemment à Lons-le-Saunier, toujours avec son attirail de balayeur, et au bout de quelques minutes à discuter, je me suis rendu compte que j’avais en face de moi un personnage de mon bouquin. Aujourd’hui j’essaie de ne plus travailler en intérim, mais je continue à vivre chichement.
Dans Michael Jackson, Luc veut être producteur de cinéma. Simon, le personnage de L’Étoile du Hautacam, a travaillé dans le cinéma mais s’en est échappé par désillusion. Simon est-il Luc qui aurait pris 15 ans ?
Oui, c’est bien vu. La première partie de L’Étoile du Hautacam peut être lue comme la suite de Michael Jackson. Mais seulement la première partie, car le récit emprunte ensuite une tout autre trajectoire.
D’ailleurs, un personnage de Michael Jackson dit à Luc : « Tu profiteras de la mort d’un parent proche pour évacuer la tension accumulée. », c’est exactement le début de L’Étoile du Hautacam, Simon apprend la mort de sa grand-mère, élément déclencheur de son départ de Paris, de son abandon du milieu du cinéma, de son éloignement de son ex. Prémonitoire ?
Je ne m’en étais même pas rendu compte. En même temps, le coup du décès d’un proche comme élément déclencheur, c’est presque un cliché narratif. Et comme c’est écrit dans le roman, ce n’est « que » sa vieille grand-mère de 90 ans qui meurt, rien de fondamentalement bouleversant pour Simon.
Tes trois romans sont parsemés d’étrange, de bizarrerie, voire de fantastique (et de fantasme). Quel est ton rapport à la culture du fantastique ?
Je ne veux pas me revendiquer du fantastique, parce que je n’ai pas cette culture. Je n’étais pas un fan du genre à l’adolescence, et c’est plus tard que j’ai commencé à m’intéresser à toute cette culture populaire dont L’Étoile du Hautacam est très imprégné. J’ai cependant beaucoup de tendresse et de bienveillance pour ceux qu’on appelle les geeks, les vrais fans de SF, de fantasy, de mangas, etc. En ce qui me concerne, je revendiquerais plutôt un goût pour l’étrangeté, la bizarrerie. La bizarrerie des formes comme des personnalités. Je me sens plus proche d’un peintre naïf que d’un auteur de littérature fantastique.
Tous les romans de Pierric Bailly sont parus chez P.O.L, Polichinelle et Michael Jackson ont été repris en Folio.
Retrouvez l’article sur les trois romans de Pierric Bailly ici.
Image bandeau : Hélène Bamberger