[dropcap]L[/dropcap]e reflexe premier à l’aube de 2021 serait de fuir le millésime précédent, ne plus songer à ces longs mois passés au cœur d’un confinement tant artistique que sanitaire. A défaut de spectacle vivant, chacun aura pu se réfugier dans les disques, écoutant des « vieilleries » comme des nouveautés. A l’heure du bilan et des bons vœux, il n’est pourtant pas inutile de revenir sur quelques sensations sorties plusieurs semaines avant le fameux gong (dont le retentissement n’aura pas franchement changé la face du monde).
Pour ma part, c’est un groupe de Rennes (et donc voisin de ma grotte) qui aura retenu toute mon attention. Amablanc, formation officiant au sein de l’écurie Crème Brûlée Records a délivré, fin Novembre dernier, un condensé de post-rock hautement inspiré. Pas chichiteux mais efficace !
Homesick composé de cinq pistes est typiquement la réussite masquée (c’est hélas encore la mode) qui avance sans se donner des airs précieux. C’est cette facette d’humilité derrière le talent indéniable qui m’a poussé à revenir « aux affaires » pour vous en vanter tous les mérites.
Dès les premières secondes de Veins, l’introduction ne trompera pas le chaland. Chant monotone à souhait (on peut être rebuté, moi j’adhère totalement), clavier quasi religieux et ce début de chaos en filigrane qui permet aux onze minutes de Fear Is Home de s’engouffrer dans une humeur progressive dont la batterie épileptique nous entraine vers des sinueuses guitares… toujours tranchantes, tel un mantra coupé de quelques breaks qui rebondissent avant de laisser s’étaler une forme de peur domestique. C’est totalement prenant, à condition de pousser le volume. Il y a dans le cumul de strates une petite jouissance qui s’extirpe, un crescendo tenté par des boucles pléthoriques qui ne semblent plus en finir… et c’est tant mieux !
Dans la foulée, Somnolence accentue les effets profonds, les développements hachés, noirs, couplés de stridences bien plus soutenues. Si les effets grinçants sont lourds, Amablanc n’omet pas la grande part de dérivation vers les tentations d’un « math-rock » glacé. A ce titre, le cap des six minutes de cette troisième piste enclenche une démonstration saccadée, martiale même, instant où les musiciens lâchent véritablement la bride pour une cavalcade redoutable.
Les secousses seront également de la partie avec Dance Alone, un caractère marqué toujours en exergue mais avec ce curseur cette fois-ci appuyant encore un peu plus sur les basses. On notera une énième accroche sous le déluge puis un doublement vocal favorisant l’abondance des reliefs. Homesick finalisera alors la marche grâce à son flashback organique, tel un adieu sensible, sur le fil, plaintif, rempli de saturations, distorsions colossales et grésillements atrabilaires… Puis soudainement, une trompette perdue nous interpellera, histoire d’achever la mélancolie.
On aurait presque envie de revenir en 2020 !
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Homesick – Amablanc
Crème Brûlée Records– 20/11/2020
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Image bandeau : Titouan Massé