Angel Olsen fait parler de son Burn your fire for no witness et c’est émue que je prends à mon tour la plume pour vous faire part de mon ressenti à l’écoute de cet album.
Cet opus sorti cette semaine est le deuxième d’une, je l’espère, longue et grande discographie. Car cet album n’est pas comme les autres, c’est une œuvre pour laquelle les mots : perfection, pureté, dense…peuvent être largement employés.
C’est, pour elle, le 1er album enregistré avec un groupe au complet (Joshua Jaeger à la batterie et Stewart Bronaugh à la basse et à la guitare) elle a choisi John Congleton (The Walkmen, St Vincent…) pour produire cet album et quel choix parfait ! Il a su retranscrire la pureté d’Angel, la virginité de son œuvre mêlée à sa puissance. Les guitares sont somptueuses, la batterie est enlevée à souhait, mais aussi et surtout la voix d’Angel est enchanteresse, solide, parfois chuchottée, parfois saturée, souvent bouleversante.
Ce succès soudain est tout de même une surprise pour moi car son 1er album Halfway Home était resté plus que confidentiel à mon grand désespoir en 2012.
Le titre traduit : « Graver votre feu sans témoin » en dit long sur le contenu de cet album qui transpire des déceptions, trahisons auxquelles Angel n’a pas peur de se confronter. Comme, par exemple, dans ce magnifique Unfucktheworld où elle dévoile un sarcasme éclatant. Mais il y a aussi Stars où elle est si furieuse qu’elle menace de « crier les étoiles de l’univers » pour finir par adoucir ses propos par « chanter les étoiles dans l’univers ». A ces instants précis, la lumière, la faille de la noirceur laisse apparaître le filet de lumière pour sublimer son œuvre.
Souvent comparée à Leonard Cohen, il y a pire comme référence … Mais Angel Olsen est Elle et c’est tout ce que l’on souhaite. Une âme sensible, emplie de failles qu’elle sait retranscrire à la perfection dans ses compositions et textes.
Le titre High Five si désinvolte est un hymne comique pour les âmes perdues et à qui elle chuchote : « Tout ce dont vous avez besoin est une belle pensée forte dans votre esprit ». Angel nous prouve que sa philosophie de confiance en soi est profitable et probablement la seule constructive pour nous tous.
Le titre White Fire est probablement le plus extraordinaire de cet album. Il est incrusté d’une précision saisissante et clairvoyante.
Angel Olsen est une artiste qui n’a pas peur de nous malmener, ni de nous enchanter. Elle varie l’intensité entre une acoustique intense et un rock sale, parfois garage. Sa voix reste le marqueur sans limite des marques de la vie, de la borderline qui vit en elle, de la surréaliste et de la lyrique. Tout ceci peut vous paraître brouillon et paradoxal mais avec elle ça ne l’est pas. Comme quand elle déclame « Je ne sais rien ! Mais je t’aime ! » dans Forgiven/Forgotten. Le paradoxe se lit dans cette phrase mais a un sens pour nous tous. Angel trouve la paix dans ses cris d’écorchée vive ou ses chuchotements solitaires.
Pour finir je vous citerai un extrait de Window traduit : « pourquoi ne pas vous voir, qu’y a-t-il de mal avec la lumière ? Etes-vous aveugles ? Pourquoi ne pas vous voir ? » Des questions que chacun peut se poser inconsciemment, que nos sociétés devraient se poser aussi probablement, qu’un amoureux pourrait aussi poser à un(e) amant(e). Angel crie ces illusions dans lesquelles nous vivons tous délibérément aveugles.
Angel Olsen était une artiste confidentielle, je rêve aujourd’hui qu’elle soit universelle.
chez Jagjaguwar et Pias.
En écoute sur Deezer :
Et sur Spotify :
Je connaissais pas, mais j’en avais déjà entendu parler plusieurs fois.
Les extraits me plaisent, ça me donne envie d’en savoir plus. Merci !