[dropcap]A[/dropcap]aro quitte son petit village de Finlande pour entrer à l’université, dans la grande ville, dans le nouveau monde. On pourrait penser que cet univers à découvrir soit la promesse d’une vie riche remplie de joie et d’excitation, mais Aaro, lui, a peur, il est rongé par une anxiété envahissante. Antti Rönkä décrit un jeune homme qui pense, à tout, tout le temps. Nous entendons sa voix, ses voix intérieures, nous connaissons ses voix qui nous empêchent, nous freinent, nous paralysent, ces chuchotements permanents et envahissants, paralysants.
Je contemple la cour où le calme est revenu, et je me rends compte que je vais devoir affronter des inconnus, demain. Il faudra leur dire mon nom et leur prouver que je suis en bon gars. Ça ne s’est jamais bien passé. Même si je suis un bon gars. Ou « serais », si je ne craignais pas de l’être. Ou si je n’avais pas les problèmes que j’apporte ici, dans mes pensées, dans le carton.Antti Rönkä
Des phrases courtes, chocs, simples. Cette lecture est puissante car réelle. L’auteur a cette capacité de nous parler de nous mêmes, de nos sentiments enfouis, honteux. Nous allons découvrir Aaro et nous attacher à ce jeune homme perdu, qui tente de se construire et de s’oublier à la fois. Ce texte peut aussi paraître actuel puisqu’il traite de harcèlement scolaire, de ses conséquences désastreuses sur l’identité et sa construction. Mais Antti Rönkä a la finesse de ne pas en faire le centre de son livre. Nous mesurons les impacts de cette tragédie sans que cela soit nommé à chaque page.
L’auteur a fait le choix d’un récit de vie très ancré dans son temps, avec des mots vulgaires, des expressions imagées. Cela permet de renforcer notre connivence avec Aaro, qui devient une connaissance, un proche. Car en effet, autour de nous, ce « phénomène » de harcèlement est très répandu, avec des impacts plus ou moins forts. Aaro lui, n’en sort pas indemne. Il est marqué à vie. Il tente à chaque instant, d’avancer, avec quelques soutiens.
J’avale les médicaments avec le Grants, enfile mon nouveau J. Lindeberg et ressort en ville. Je veux essayer encore une fois. Essayez quoi ? Je ne sais pas. La liberté, la vie. Ce truc dont tout le monde parle.
Cette lecture est possible dès l’adolescence et peut être utilisée par vous, parents, pour enclencher le dialogue, permettre à votre enfant de se savoir accompagné et de trouver des pistes de solutions pour lui même. Un pont entre vous grâce à la littérature, grâce à Antti Rönkä. Ce livre, vous l’aurez compris, m’a émue, son attrait pédagogique est fort et les niveaux de lecture fins.
Courir, c’est quand on a les deux pieds en l’air entre deux appuis, sans toucher terre.
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Sans toucher terre de Antti Rönkä
traduit par Sébastien Cagnoli
Rivages, Janvier 2021
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Image bandeau : Photo by Warren Wong on Unsplash